MarcelloBarenghi est reconnu sur la planète comme étant capable de donner la « vie » à tous ses dessins. Pour l’occasion, c’est bluffant. Pour l’occasion, c’est bluffant. Marcello Barenghi a toujours souhaité que ses dessins ne ressemblent pas à ceux de Monsieur tout le monde et que surtout il crée chez ceux qui les observent une sorte de « gène ».
+5NoobzRlegendDemon2ShonanKaiganLinkyoRyuji'9 participants Ryuji' ™ ArtBonjour à tous !Voici maintenant environ trois ans que j'ai commencé à faire mes premiers pas dans le domaine du graphisme. J'ai, comme à peu prés tout le monde, commencé avec des signatures petit format donc. Quelques bannières par ci par là. J'ai poursuit dans le domaine. J'ai ensuite lâché prise et fait une pause d'à peu prés un an. Et là depuis quelques mois, je commence à reprendre un petit peu. Je me réhabitue à Photoshop, essaye d’approfondir certaines techniques, en découvrir d'autre. Tout ceci afin de m'améliorer. C'est en parti pour ça que je me suis joins à vous. Bref, je vais vous montrer maintenant ce que j'ai pu réalisé jusque là. Je ne vous montres pas tout bien évidement, ça ferait trop de signature. Juste une sélection de ce que j'ai pu réaliser à mes débuts. Une autre sur ce que je fais depuis que j'ai repris. J'ai fait également quelques photomanip' sur du plus grands format que je vous montrerez un peu plus j’espère que ça vous plaira, même si je suis bien conscient que c'est loin d’être du grand art. xJe suis bien évidemment ouvert à toute critique pouvant m'aider à progresser donc surtout, n'hésitez pas !! Re Ryuji' ™ Art par Linkyo 10/5/2011, 2249C'est pas mal, mais ça reste trop plat et trop basique. Toutefois, on remarque une nette amélioration entre 2009-2010 et 2010-2011. Poursuit sur ta lancée, t'es bien de lire quelques tutos pour assimiler d'autres techniques, et ton niveau augmentera rapidement Re Ryuji' ™ Art par Kaigan 11/5/2011, 0314C'est vraiment pas mal du tout! ^^Comme l'a dit Linkyo, c'est encore trop basique, mais en même temps, j'ai vu bien pire, et ce que tu fais n'est pas du tout désagréable pour les quelques tutos et plus de pratique, je suis sûre que tu seras très bon. Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 11/5/2011, 1203Merci à vous, j'irais voir la section tuto de plus prêt. En attendant, voici quelques créations sur du plus grands format, assez récentes celles-ci. Avec un wall pour mon bureau, ainsi qu'un autre sur le thème de la "fuite du temps", que j'avais à faire pour le français séquence sur la poésie, bref... je vous épargne les détails. ^^. Cliquez sur l'image pour voir ça de plus prêt. J'aimerais bien m'améliorer également dans ce domaine là principalement. Donc si vous avez des conseilles surtout, n'hésitez pas. Enjoy ! Re Ryuji' ™ Art par Kaigan 11/5/2011, 1538J'aime beaucoup le wall pour ton bureau. Les couleurs me plaisent, les effets sont intéressants, et l'ensemble est original. Pour ton LP sur la fuite du temps, la réalisation n'est pas mal, même si ça manque un peu de maîtrise. Les couleurs s'harmonisent bien, l'idée est sympa... J'aurais mis la disposition des mots sur le parchemin un peu différemment parce que ça fait un peu brouillon, ou déséquilibré, mais sinon ce n'est pas si gênant que ça. Continues ^^ Re Ryuji' ™ Art par Linkyo 11/5/2011, 1610Rien à redire sur le wall Vaio, j'aime beaucoup !Sur l'autre, le principal problème est le fait que ton sable n'est pas du tout réaliste / Pour le reste, je rejoins Kaigan Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 12/5/2011, 1914Merci à vous, ça fait plaisir ! =Oui en effet, problème au niveau de la maitrise. Ce qui amène ce sable non réaliste. x J’espère que ça viendra avec la pratique et quelques parlant de tutoriels, je ne comprend pas pourquoi on n'y a pas accés moi personnellement ?! J'ai un message qui intervient quand j'essaye de rentrer dans la sections Désolé, mais seuls les utilisateurs avec un accès spécial peuvent lire des sujets dans ce forum. Un peu gênant... ^^Bref, en attendant les prochaines, je vous mets une signatures sur Killzone 3 que j'avais faites il y a deux ou trois mois. C'était juste à la reprise des activités, histoire de se remettre en jambe. Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 25/5/2011, 1804Yop, un petite avatar Sur fond noir que la transparence ne marche pas quand je le met en avatar ? Car j'ai fait une version sur fond transparent en png. seulement ça ne marche pas, il apparait sur fond signature qui va avec devrait arriver bientôt. ^^ Re Ryuji' ™ Art par Kaigan 25/5/2011, 1825Hum non, en théorie ce n'est pas normal. Tu es supposé pouvoir mettre de la transparence en avatar aussi par exemple, l'avatar de grenouille de Karkasu. La seule chose que je vois, c'est que ton avatar est à l'origine trop grand. J'ai remarqué que l'hébergeur par défaut des forums modifie en .jpeg les formats .png quand la taille de lui convient pas. Réessaie en le mettant plus petit pour voir... Re Ryuji' ™ Art par NoobzRlegend 26/5/2011, 1435Le problème est encore plus simple, même l'image que tu as enregistré sur casimages est en .jpeg XD Re Ryuji' ™ Art par phelan's short 26/5/2011, 1441NoobzRlegend a écritLe problème est encore plus simple, même l'image que tu as enregistré sur casimages est en .jpeg XDthink you got it wrong. la version qu'il poste ici est exprès en jpg sur fond noir. il a déjà essayé en png, ca lui mettait un fond blanc, il a préféré, par défaut, le mettre en noir du j'en sais rien moi 'D Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 26/5/2011, 2045+1 phelan's ! pC'est volontaire ce format Jpeg avec un fond noir. x Vu qu'en png j'avais le droit à du fond blanc. Peut-être que c'est ça Kaigan, la dimension en effet, je vais aller voir édition par Ryuji' le 19/6/2011, 1614, édité 1 fois Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 19/6/2011, 1613Bon, après quelques jours d'inactivité révision oblige, je reviens un peu avec quelques petites créations. Alors, ça varie. Signature complétant mon avatar ainsi que background you tube. Je vous laisses voir ça Enjoy ! Re Ryuji' ™ Art par Kaigan 19/6/2011, 1806Sympa la sign, j'aime bien ce style. Je trouve juste dommage que ta typo ne ressorte pas un peu plus. Tu as des lignes plus foncées à gauche, tu aurais pu aussi mettre la typo plus foncée sans gâcher le style je pense ^^Pour le fond youtube j'aime bien le bas, l'idée est bonne. Ce que je n'aime pas trop c'est les petites images éparpillées en haut, mais peut-être que rempli, on ne remarquera pas trop. Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 14/7/2011, 1812Nouvelle création pour la SOTW Ça fait un moment que j'avais trouver le stock et que j'avais en tête de faire un fond un peu dans ce genre. Ça aurait pu être mieux réalisé, mais à vrai dire j'ai fait ça un peu à la va-vite sans vraiment prendre mon temps. J'ai profiter de l'occasion Sotw sans C4D pour la faire donc. Enjoy !Kaigan Oui c'est vrai que le trait noir sur le côté et un peu trop voyant et gâche un peu le tout. Et pour le fond you tube et les images éparpillées, c'est voulu. C'est quand ce sera en background de la chaine qui ça aura son importance. ^^ Merci à toi de ton passage ^^ Re Ryuji' ™ Art par Kaigan 14/7/2011, 1942Ta nouvelle sign est bien, même si je n'aime pas trop la typo. Par contre elle est un peu vide et il manque de lumière pour render l'éclairage du render la sign que tu portes en ce moment, je ne crois pas que ce soit le trait noir qui gâche le tout, mais plutôt le fait que tout le reste soit trop pâle. L'inverse donc x Re Ryuji' ™ Art par KiOzAm 14/7/2011, 2044Vraiment je pense qu'une petite lumière ici ne serait pas de trop je pense, pour faire une continuité du render J'sais pas si sa se dit Mais bon Re Ryuji' ™ Art par Ryuji' 29/7/2011, 1830Merci à vous pour vos commentaires ! Mon LP pour le duel A noter que le vert sur le rendu est beaucoup moins flashi normalement. Il est plus à l'image de la miniature en fait. Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ensomme, l’art dramatique reste une illusion de vérité dans la mesure où il se veut une recréation de la réalité qui transfigure le cadre spatiotemporel et les personnages. En revanche, l’idée qui élève le théâtre au rang d’art illusionniste n’est pas toujours valable. En effet, la représentation dramatique s’inspire des
L’illusion est une des composantes de base des arts plastiques. L’artiste plasticien donne à voir une interprétation, une représentation mais aussi une reproduction du monde. Son travail est de remettre en cause la réalité, qu’elle soit esthétique, politique ou sociale et pour cela, l’artiste a besoin de l’illusion comme technique ou comme fin pour rétablir les non-vérités tenues pour des vérités », pour reprendre Friedrich Nietzsche. Les principes de re-présentations » utilisés par l’artiste reconstruisent une certaine réalité qu’il tend à imiter, à transposer ou à transformer en donnant à l’œuvre le sentiment du vrai pour susciter l’adhésion du regardeur. Peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes, vidéastes, designers et architectes utilisent tous de façon directe ou détournée l’artifice dans leur travail, quelque soit le medium utilisé. Par des techniques appropriées, ils parviennent à donner le sentiment du réel ou du vrai. Le peintre donne l’illusion de la réalité par le travail des couleurs quand le sculpteur, lui, donne l’illusion du mouvement et de la vie par le modelé de la matière. Auguste Rodin, Le baiser 1881-1882. L’illusion de la vie s’obtient dans notre art par le bon modelé et par le mouvement » Auguste Rodin Certains plasticiens utilisent consciemment la spécificité illusoire de leur art pour donner à leur œuvre une profondeur particulière qui touche à la perception même du regardeur, pour lui garantir une expérience inédite dans son rapport à la réalité. Comme d’habiles prestidigitateurs, ces artistes manient à la perfection les techniques du trompe-l’œil, des illusions d’optique, des images ambiguës, des effets cinétiques et autres jeux de miroirs. Philippe Mercier, L’Escamoteur 1725. Tout ce qui trompe ensorcèle » dixit Platon. Au-delà de la tromperie première que provoque l’utilisation d’illusions, ces simulacres ont pour but de dérouter, de faire vaciller les sens et la raison pour voir le monde différemment et remettre en cause certaines certitudes établies… Il y a ici une parenté évidente entre l’artiste et l’illusionniste qui sont, tous les deux, les artisans de la construction de perception qui provoque l’illusion dans l’esprit du spectateur. L’effet magique est comparable à un trompe-l’œil en peinture ; ce sont des tours d’esprit. Comme le dit si bien Paul Virilio Le monde de la magie est une illusion et l’art est de présenter l’illusion du monde. » De la préhistoire à nos jours, les arts plastiques se sont développés sur certaines formes d’artifices, des moyens d’expressions directs et souvent visuels pour réinterpréter le monde. Cette petite rétrospective, loin d’être exhaustive, propose un aperçu des principaux mouvements et des artistes majeurs ayant utilisés des outils illusoires. L’art pariétal La peinture, la gravure et la sculpture préhistorique naissent et s’expriment au Paléolithique, dans les profondeurs des cavernes. Ainsi apparaissent les premières oeuvres où domine la faune représentée par des mammouths, bisons, chevaux, cerfs ou bouquetins aux proportions justes et détaillées. Des traces qui laissent à interprétations où se développe une approche structuraliste organisée comme un message symbolique global, ou bien une approche chamanique où les cavernes sont comparables à des sanctuaires religieux. Les artistes paléolithiques utilisaient fréquemment et judicieusement le relief naturel des parois fissures, renflements… pour donner à leurs œuvres une consistance et une illusion de vie spectaculaires. Grotte Chauvet, Lionnes. L’exploitation des reliefs naturels est attestée dans toutes les régions et dans toutes les périodes du paléolithique supérieur et se rencontre dans toutes les espèces de figures animales ou humaines. Cette pratique s’amplifie pendant le Magdalénien et correspond à une recherche du volume. Il y a une volonté d’établir un lien avec le milieu naturel dans un rapport symbolique. Figuration fictive d’un cheval utilisant la morphologie de la paroi et ses reliefs. Dessin de J. Brot extrait du mémoire de Jean Brot, L’utilisation des reliefs naturels dans l’art gravé et sculpté pariétal du Paléolithique supérieur français Dijon, 2015. Dans l’exemple du cheval, le volume ventral de la représentation s’appuie sur une convexité verticale et horizontale de la paroi. La croupe est calée sur un plus petit relief dont elle épouse la forme. La jambe antérieure gauche borde une dépression, ce qui lui donne du relief. Il en est de même pour la zone gorge-ganache. Enfin, une autre dépression ou cupule prend la place du sabot postérieur droit. Ainsi, cette représentation trouve ses dimensions en fonction de la distance séparant les différents reliefs entrant dans sa composition. La restitution de la 3ème dimension est obtenue par soustraction de matière à l’aide du creusement du contour qui est ensuite modelé en fonction de l’effet souhaité. L’art grec Contrairement aux égyptiens qui ne cherchaient pas à provoquer l’illusion de la profondeur et de l’espace mais plutôt à rendre compte de la clarté des choses, Le peuple grec a développé le concept de mimesis qui consiste en un processus d’imitation et donc d’étude de la nature afin de la représenter au mieux et de donner l’illusion que les œuvres d’art ont une existence. Un concept qui annoncera tout l’art occidental jusqu’aux impressionnistes. La mimésis connut un célèbre détracteur nommé Platon. Pour lui, le monde visible est déjà une pâle copie du monde intelligible vers lequel il faut s’élever. La volonté de copier à l’identique sur une toile ou dans une sculpture ce monde imparfait, n’est autre qu’une nouvelle falsification encore plus vulgaire. Pour Platon, c’est la preuve que l’esprit humain vit dans l’illusion, mais qu’en plus il s’y conforte et appelle cela de l’art. Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet. Est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qu’il paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ? » Platon, La République pages 389-369. Platon préférait les images égyptiennes, schématisées par notre esprit et donc plus proche des concepts et des idées intelligibles. Ces images se voulant informatives n’avaient aucune prétention à copier le réel, mais plutôt de le signifier, de le suggérer pour que cette dernière se matérialise en concept dans l’esprit des regardeurs. Vase grec, Hercule combattant le géant. Mosaïque grecque de La Chasse au lion. Détail du visage d’Héphaïstos. Musée archéologique Palais de Pella entre 330 et 310 av. Quoi qu’il en soit, les grecs ont conçu et réalisé les cryptogrammes significatifs des formes en relief, différents des silhouettes aplaties, par l’utilisation d’un code à trois tons pour le modelé de la lumière et des ombres. Un rapport de contrastes essentiel pour donner une impression de détachement illusoire que l’on retrouve sur les vases et autre amphore de l’époque. Ce cryptogramme se retrouve également dans la technique des mosaïques où l’artifice des quatre gradations » suggère une forme dans l’espace souvent en trompe-l’œil. Le trompe-l’œil qui est pour la première fois cité dans la Grèce antique par Pline l’Ancien qui rapporte que Zeuxis avait peint des grappes de raisin d’une telle vraisemblance que les oiseaux se jetaient dessus pour tenter de les picorer. Cette anecdote, restée célèbre, résume toute l’intelligence d’un art de la délectation et de la duperie, qui bluffe à la fois le regard et l’esprit car le trompe-l’œil est avant tout une géométrie de la pensée. Le Parthénon de l’acropole d’Athènes, construit de 447 à 432 av. d’après les plans des architectes Ictinos, Callicratès et Phidias utilise également le trompe-l’œil » par souci d’équilibre et de proportions, afin de rectifier les déformations dues à une vision non frontale de l’édifice et le rendre le plus parfait possible. Sa structure est convexe, et ses colonnes sont légèrement bombées et ont été légèrement inclinées vers l’intérieur de la construction pour paraître droite. Afin de paraître équidistantes, d’autres colonnes étaient inégalement espacées. Le socle, les marches et le fronton sont convexes. De plus, les colonnes d’angle ont un diamètre plus important pour ne pas paraître plus petites. Sachant que les longues lignes horizontales semblent s’arquer, bien qu’elles soient parfaitement droites, les architectes ont courbé délibérément des éléments horizontaux et ont grossi » les colonnes au centre pour compenser les irrégularités de l’œil humain. Cet épaississement au centre donne l’impression que les colonnes ploient un peu sous le poids du toit, rendant le temple moins statique, plus dynamique. Bien que les lignes et les distances du Parthénon semblent droites et égales, la géométrie a été modifiée pour créer cette illusion. On dit que dans cet édifice rien n’est ce qu’il semble être ». L’art romain La peinture de l’Antiquité grecque et romaine est moins connue que la sculpture et l’architecture car il en reste très peu. Nous en avons de très beaux restes avec les peintures murales de Pompéi, ensevelies par l’éruption du Vésuve en 79 après Le IIe style pompéien 80 av. – 20 av. est le plus illusionniste et relève d’une grande sophistication, avec ses scènes théâtrales, ses éléments architecturaux en perspective, ses trompe-l’œil et ses mégalographies peintures panoramiques fantaisistes. Les stucs sont abandonnés au profit des seules surfaces peintes. On y retrouve des scènes figuratives tout en étant irréalistes, des fausses architectures, des jardins à la nature recomposée, des tableaux intégrés dans le tableau, des peintures imitant une peinture. Dans cet art total, la mise en abyme est constante. Le IVe style pompéien à partir de 62 ap. le dernier et le plus répandu, est une synthèse baroque » des trois styles précédents qui reprend les procédés illusionnistes, les architectures fantaisistes et les éléments décoratifs. L’art du théâtre, très développé dans la Rome antique, fera également appel aux peintres pour réaliser des décors. L’influence théâtrale va faire progresser cette peinture dans la représentation de l’espace. Pour créer l’illusion de la troisième dimension le volume et la profondeur, les peintres fresquistes romains utilisent la technique de la perspective linéaire. Pour rendre le volume des corps et des objets, ils utilisent le modelé de tons ». Par ces procédés, l’artiste romain cherchait à rendre l’illusion que le mur n’existe pas ; des espaces ouverts sur l’extérieur par des fenêtres » ou des murs percés ». Cet illusionnisme romain » utilisait également le trompe-l’œil pour imiter différentes matières ou de revêtements comme le marbre. Les artisans mosaïstes seront également friands de ce procédé. Le trompe-l’œil trouve son origine dans les fresques et mosaïques antiques. Le récit le plus ancien qui marque le début du trompe-l’œil est celui de l’écrivain romain Pline l’Ancien 23-79 après Il rapporte dans son Histoire naturelle comment le peintre grecque Zeuxis 464-398 av JC, dans une compétition qui l’opposait au peintre Parrhasius, avait représenté des raisins si parfaits que des oiseaux vinrent voleter autour. Si l’Antiquité est le point de départ de cette illusion parfaite, la Renaissance et le Maniérisme vont amplifier ce phénomène avant que la période Baroque n’en fasse un genre à part entière virtuose et inégalé. La bibliothèque de Celsus à Ephèse en Turquie 135 après JC., conçue par l’architecte romain Vitruoya a été construite sur un terrain étroit entre des bâtiments existants en mémoire de Celsus Polemeanus, qui était un sénateur romain, gouverneur général de la province d’Asie. Malgré l’étroitesse des lieux, la conception de la bibliothèque crée un effet monumental. A l’entrée se trouve une cour de 21 mètres de large pavée de marbre. Neuf marches mènent à une galerie de deux étages. Les frontons courbés et triangulaires sont supportés par une couche à deux étages de colonnes appariées. Les colonnes centrales ont des chapiteaux et des chevrons plus grands que ceux de la fin. Cette disposition donne l’illusion que les colonnes sont plus éloignées qu’elles ne le sont en réalité. Ajoutant à cette illusion, le podium sous les colonnes pente légèrement vers le bas sur les bords. Le Moyen Âge A partir du IVe siècle, avec la fin de l’Empire romain d’occident, la tradition antique de la représentation est interrompue. L’Eglise se développe et devient progressivement la religion dominante. Elle se méfie de la représentation et de l’illusionnisme des images. Elle encourage plutôt une représentation narrative ou symbolique des sujets religieux. Sur la question de la représentation de l’espace, l’art des images au Moyen âge semblent reculer par rapport aux progrès de la peinture romaine. Les artistes ne sont plus préoccupés de donner l’illusion de la réalité. Ils cherchent plutôt à représenter des réalités éternelles ou à raconter des histoires extraites de la Bible. Le rapport entre les personnages n’est plus spatial, mais symbolique par exemple, la taille des personnages n’indique pas leurs positions dans l’espace mais leur degré de dignité ou leur importance dans l’histoire qui est racontée. Le Christ, la Vierge ou les apôtres sont souvent représentés beaucoup plus grands que les autres personnages. Ils semblent flotter dans un espace sans profondeur qui rappelle l’espace des fresques égyptiennes. Ce fond est souvent doré, l’or représentant l’espace céleste. La Pré-Renaissance italienne A la fin du Moyen Âge, en Italie, aux périodes des Duecento et Trecento, des peintres expérimentent de nouveaux moyens de donner l’impression de la profondeur. Ils introduisent plusieurs principes innovants dont le développement d’une complexité architecturale à la perspective empirique. Ambrozio Lorenzetti, l’Annonciation 1344. En 1344, Ambrozio Lorenzetti, peint une Annonciation qui est considérée comme une véritable révolution dans l’Histoire de l’art. La Vierge et l’ange prennent place sur un véritable plan de base représentant un carrelage de faïence en damier. La taille des carreaux de faïence diminue en s’éloignant du bord du tableau et les lignes de leur quadrillage semblent vouloir se rejoindre au centre, donnant ainsi l’impression d’un espace entre le bord et le fond. En réalité, nous ne sommes encore qu’aux balbutiements de la perspective la profondeur, dans le tableau de Lorenzetti, est très vite arrêtée par le fond doré, persistance de la tradition ancienne. Giotto, Les sept vertus, la foi 1306. Giotto 1267-1337, peintre et architecte florentin, marque la rupture définitive de la peinture avec la longue tradition byzantine depuis la fin du monde romain. Giotto est donc considéré comme le créateur de la tradition picturale occidentale. N’ayant aucune connaissance technique ni de l’anatomie, ni de la perspective, il a créé de nouveaux idéaux de naturalisme et un nouveau sens de l’espace pictural. Giotto possédait une maîtrise de l’émotion humaine, un sens aigu de la vie humaine, grâce auxquels il saura dépeindre tous les sentiments en émotions de l’âme humaine. Son influence sera énorme et déterminante et beaucoup d’artistes s’inspireront de son approche directe de l’expérience humaine. Giotto, Campanile de l’église Santa Maria del Fiore Florence, 1298-1349. En 1298, Giotto conçoit et réalise le célèbre Campanile de l’église Santa Maria del Fiore à Florence, mais décède en 1337, avant la fin des travaux en 1349. Avec cet ouvrage monumental, il utilise le trompe-l’œil pour harmoniser les proportions et rétablir la déformation naturelle due au point de vue, la moitié supérieure de l’édifice étant plus large que la moitié inférieure. Giotto. Fresque en trompe-l’œil représentant un lustre en fer forgé à la Chapelle des Scrovegni. Padoue 1305. Giotto. Fresques de la vie de Saint-François à Assise. Le frère Agostino et l’évêque d’Assise sont informés en songe de la mort de François 1182-1226. Les fresques de la vie de Saint-François à Assise peintes par Giotto 1182-1226, ont été élaborées selon la technique du trompe-l’œil, depuis le rideau peint au-dessus des scènes de la vie du saint jusqu’au cadre architectural fictif qui encadre chacune d’elles. Les scènes utilisent les principes de la perspective. La Renaissance italienne Sous l’impulsion de la peinture du florentin Giotto, adepte de l’illusion picturale et de raccourcis savants, le mouvement de la Renaissance Quattrocento et Cinquecento 1420-1530 révolutionna l’histoire de la représentation en mettant à jour, en autre, une loi mathématique cruciale. Avec l’invention de la perspective c’est la remise en cause de l’espace qui est en jeu, dans tous les domaines de l’art. La pensée du théoricien Leon Battista Alberti 1404-1472 a été déterminante dans l’éclosion de ce nouvel ordre urbain illusoire. L’espace représenté ne commence plus aux limites du tableau, mais semble se poursuivre au-delà. Les peintres inventent la perspective centrale qui fonctionne avec un point de fuite vers lequel toutes les lignes de fuite du tableau se rejoignent pour un résultat hautement illusionniste. Masaccio, Trinité 1427–1428 Parallèlement aux recherches d’Alberti, Filippo Brunelleschi 1377-1446 est considéré comme l’inventeur de la perspective, de la formulation du principe perspectif. Il reformule et concrétise les principes mathématiques de la perspective linéaire, déjà observés dans la peinture antique. Les lignes parallèles, visuellement, se rejoignent dans un point de fuite, situé sur l’horizon, ainsi tous les objets et personnages représentés dans l’espace pictural rétrécissent en s’éloignant. Brunelleschi inventera, dans la foulée, la perspective des futurs peintres de la Renaissance Andrea Mantegna, Piero della Francesca, Masaccio, Uccello, Botticelli, Michel-Ange, Véronèse, Léonard de Vinci…. La perspective devient bientôt une loi commune à la nature et à la forme artistique, un art total. La nature est maintenant créée et ordonnée par l’artiste qui se trouve au centre du monde. Avec l’arrivée de la peinture à l’huile, inventée par Jan van Eyck, les effets de matière, marbre, or, cuivre, argent, bois sont poussés au paroxysme du plaisir de troubler les sens. Andrea Mantegna, adepte de raccourcis anatomiques virtuoses, a volontairement conçu la perspective de certains tableaux religieux de telle sorte que le point de vue correct se trouve bien au-dessus des yeux de tout fidèle, en contre-plongée, afin de créer un sentiment de spiritualité chez les observateurs. Fasciné par les marbres antiques qui surgissaient du sol romain, Mantegna modèle également ses figures en utilisant ce que Pline l’Ancien avait appelé color lapidum, la couleur de pierre. Andrea Mantegna, Saint-Jacques conduit au supplice 1453-1457. Andrea Mantegna, Lamentation sur le Christ mort 1490. Andrea Mantegna, Camera degli Sposi, fresque du palais Ducal 1470. Uccello est adepte de figures géométrisées à l’extrême, de jeux bizarres et très personnels avec les règles de la perspective et d’images chronoscopiques bien avant l’heure. Il veut mettre la perspective au service d’une dynamique et non au service de l’illusion d’un espace en trois dimensions. Il est donc prêt à abuser de la théorie de ses contemporains Alberti et Brunelleschi, prêt à commettre des fautes d’optique ou des bizarreries pour privilégier le Temps par rapport à l’Espace, autrement dit pour transcrire le mouvement. Cette volonté est présente d’un bout à l’autre de sa production et s’impose comme la marque de son œuvre. Paolo Uccello, La Bataille de San Romano 1456. La Cité idéale peinte vers entre 1475 et 1480 est une perfection en matière de perspective centrale. L’espace est représentée de manière convaincante et pourtant, il y a quelque chose d’irréel, de trop parfait dans cette cité aux proportions trop régulières et visiblement inhabitée… La Cité idéale de Baltimore, d’Urbino et de Berlin 1475-1480. Dans l’Annonciation 1437 de Fra Angelico, la visite de l’ange a lieu dans une vraie architecture et on aperçoit sur la gauche un jardin qui semble se poursuivre au-delà du bord. Fra Angelico, l’Annonciation 1437. Dans l’Annonciation 1440-1442 de Filippo Lippi, le peintre a voulu donner le maximum de profondeur à son tableau et le regard se perd dans le lointain. Dans La Vierge à l’enfant avec deux anges 1437-1465 l’illusion de la profondeur est renforcée par un fauteuil en trompe-l’œil qui sort d’un tableau. Filippo Lippi, l’Annonciation 1440-1442. Filippo Lippi, Vierge à l’Enfant avec deux anges 1465. Très vite, certains peintres comme Léonard de Vinci, qui utilise lui aussi la perspective, vont remettre en question la perspective comme moyen unique et absolu de représenter la profondeur. Selon eux, la perception que nous avons de l’espace n’est pas aussi mathématique dans la réalité. L’espace du paysage qui constitue le fond de la Joconde, qu’il peint vers 1506, n’est pas un espace cohérent il n’y a pas de continuité entre la partie à droite du visage de Mona Lisa et la partie à gauche. Leonard de Vinci a le secret de composer des êtres fantastiques dont l’existence devient probable …. Il fait un christ, un ange, un monstre en prenant ce qui est connu, ce qui est partout, dans un ordre nouveau, en profitant de l’illusion et de l’abstraction de la peinture, laquelle ne produit qu’une seule qualité des choses, et les évoque toutes. » Paul Valery La chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange entre 1508 et 1512 au Vatican à Rome est le plus vaste trompe-l’œil de l’histoire. Les villas de Toscane et de Venise se rapprochent des peintures illusionnistes contemporaines. Les murs nus s’habillent d’architectures somptueuses. Dans les décors peints entre 1560 et 1561 par Véronèse à la villa Barbaro, en Vénitie, la fiction s’éprend de la réalité, et l’œil ne saurait dire où commence la feinte et où s’arrête la paroi. En levant les yeux, on aperçoit des balustrades sur lesquelles se penchent des personnages qui épient le visiteur. Il s’agit non seulement de créer un écrin, mais de composer une scénographie dans laquelle l’observateur est pris à partie. Andrea Palladio 1508-1580, l’une des figures majeures de la Renaissance italienne, a conçu Le Théâtre Olympique de Vicence, inauguré en 1585. Une œuvre d’art unique entièrement construite en trompe-l’œil suivant les principes de la perspective et du tout nouveau courant artistique baroque. L’Allemagne aura également sa période de Renaissance aux XVe et XVIe siècle avec Albrecht Dürer, théoricien de la géométrie de la perspective linéaire, qui utilise la grisaille et les lignes du dessin pour créer l’illusion de la profondeur dans ses études sur les mains, drapées et autre crâne. Albrecht Dürer, Crâne 1521. L’anamorphose Pour Brunelleschi, il est essentiel que la représentation soit définie à partir d’un point de vue unique et constant. C’est ce point de vue qui est au centre de l’anamorphose, qui est une dérive de la perspective, une déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique tel un miroir courbe ou un procédé mathématique. Cette perspective dépravée » résulte des applications des travaux de Piero della Francesca 1412-1492. Cet art de la perspective secrète » dont parle Dürer connaît des applications multiples, dans le domaine de l’architecture et du trompe-l’œil pictural dont le baroque abusera. Depuis les œuvres chinoises datant de la dynastie Ming 1368-1644 et la toile Les Ambassadeurs 1533 de Hans Holbein le jeune, le procédé anamorphique est présent dans l’histoire des arts. Hans Holbein, Les Ambassadeurs 1533. L’anamorphose est une image codée, une quintessence de la forme, une prouesse technique qui produit du sens et de la poésie comme le dit Jurgis Baltrusaitis dans son ouvrage Anamorphose 1955 Ce procédé est établi comme une curiosité technique, mais il contient une poétique de l’abstraction, un mécanisme puissant de l’illusion optique et une philosophie de la réalité factice. » Erhard Schon, Portraits en anamorphoses de Charles V, Ferdinand I, Pape Paul III et Francis I 1535. L’anamorphose refera surface avec des artistes plasticiens contemporains utilisant ce procédé dans leurs œuvres sous différents supports comme Felice Varini avec la peinture spatiale, Georges Rousse avec la photographie, Markus Raetz et Tjeerd Alkema avec la sculpture, Bernard Pras, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Tim Noble et Sue Webster avec leur sculpture-installation de lumière composite. L’art Flamand L’œuvre de Jan van Eyck 1390-1441 est frappante par son réalisme. Bien que cela soit déjà une caractéristique de la peinture flamande, la précision et la maîtrise des détails atteignent avec lui un niveau allant jusqu’à la perfection. L’atmosphère générale de ses tableaux provient de ses éclairages, des jeux d’ombre et de lumière, qui donnent les volumes et matérialisent l’espace. Jan van Eyck. Triptyque de Dresde ouvert et fermé 1437. L’illusion de la profondeur est chez lui, le résultat de l’utilisation de la perspective atmosphérique au sein d’une composition souvent à deux points de fuite. Il invente également un liant qu’il utilise avec la peinture à l’huile et qui lui permet de créer un aspect brillant et de travailler les transparences. La perspective et de la lumière caractérise l’art de Van Eyck qui est un précurseur dans ce domaine. La lumière qui traverse la vitre modèle les formes avec délicatesse et crée la sensation d’espace ; le cadre architectonique et le recours au miroir au fond de la pièce donnent l’illusion de la profondeur. Cependant, l’anamorphose du miroir et l’inscription calligraphiée sont une négation de l’illusion de profondeur. Van Eyck opère comme un retournement de l’espace représenté, il fait obstacle au regard du spectateur et lui interdit de se laisser glisser mentalement dans l’illusion. Jan van Eyck, Les Époux Arnolfini 1434. Avec Les Époux Arnolfini 1434, la perspective de Van Eyck dit autre chose plus symbolique que naturaliste, ainsi plusieurs points de fuite coexistent dans la représentation spatiale celle de la fenêtre aboutit sur le cœur de l’épouse, celle du lit sur le cœur de l’époux, celle du peintre et de l’observateur et du reste du décor, planche, meuble… sur le miroir, une démonstration en somme en épanorthose de l’affirmation des Florentins et d’Alberti en particulier qui se disent alors inventeurs de la perspective ». Le tableau, peut se lire comme la première mise en garde contre les mirages et les dérives de la perspective. Jan van Eyck, l’Annonciation 1433. Inspiré par la préciosité des retables de dévotion an ivoire, l’artiste flamand peint le diptyque de l’Annonciation 1433 tel un trompe-l’œil sculptural virtuose qui déborde du cadre. La vierge et l’archange Gabriel se détachent du fond comme deux figures tridimensionnelles peintes en grisaille, comparables à des sculptures. Peindre dans une gamme chromatique restreinte s’apparente à un geste d’émancipation, un acte libérateur qui permet à l’artiste de se concentrer sur une esthétique purement formelle. Le maniérisme Le maniérisme 1520-1580 se développe avec la contre-réforme et déploie des artifices au niveau des personnages et dans l’insertion de motifs insolites. Ce courant contestataire aime à rompre avec les codes de la Renaissance tout en les réinterprétant, à déformer les corps et les paysages en utilisant l’anamorphose comme base esthétique. Les peintres maniéristes renoncent à représenter un espace cohérent et réaliste Des artistes comme le Parmesan, le Pontormo, le Tintoret, Cellini et le Greco sont passés maîtres dans la représentation de scènes bibliques étranges et exacerbées, utilisant une déformation organique et spatiale ainsi qu’une exploitation surréaliste et acide de la couleur. Domínikos Theotokópoulos le Greco, L’immaculée conception. Chapelle Oballe de l’église San Vicente à Tolède 1608-1613. Girolamo Francesco Maria Mazzola le Parmesan, Autoportrait au miroir convexe 1524. Dans la Déposition de Croix de Pontormo 1527, nous voyons un groupe de personnage se tenir sur un sol à peine esquissé qui remplit tout l’espace du tableau dans des teintes pastel irréelles. Jacopo Robusti le Tintoret, Le miracle de Saint Marc délivrant l’esclave 1548. Chez le Tintoret, les compositions sont surprenantes, jouant avec la perspective, usant de contre-plongée audacieuses, multipliant les points de vue et détournant les règles de la représentation illusionniste pour donner à voir la vie et traduire les tourments de l’âme. Le célèbre biographe Vasari décrit l’artiste comme le plus terrible esprit qu’ait jamais connu la peinture… Il est allé plus loin que l’extravagance, par la bizarrerie de ses inventions ». Pour Paolo Pino, si le Titien et Michel-Ange ne faisaient qu’un, c’est-à-dire la couleur alliée au dessin, on pourrait appeler cet homme le Dieu de la peinture. » Giuseppe Arcimboldo, Vertumne 1590 Dans cette mouvance, Arcimboldo réalise des images composites à double sens qui oscillent entre le fantastique et le très connu, comme la série des Quatre saisons avec ses fruits et légumes représentant des portraits humains. Selon que l’observateur soit proche ou non du tableau, il reçoit deux images différentes. C’est aussi le cas avec ses images réversibles. L’éloignement et la proximité sont fondateurs de sens et mettent à jour l’allégorie de l’œuvre. Le peintre et graveur flamand Marcus Gheeraerts l’Ancien 1520-1590 utilisera la technique de l’image composite dans L’allégorie des Iconoclastes 1566–1568. L’image composite maniériste se développera à travers les siècles suivant, jusqu’à nos jours avec les accumulations et la classification d’objets industriels du britannique Tony Cragg ou les compositions de matériaux disparates qui constituent une figure de l’illusionniste low-tech » et photographe brésilien Vik Muniz. Hendrik Goltzius, Icare 1588. Le peintre, dessinateur et graveur néerlandais Hendrik Goltzius 1558-1617 s’est illustré dans de rares et étonnants grands formats de pen paintings, ou copies au crayon sur toile, de ses propres gravures. Entre 1593 et 1594 Goltzius réalise un cycle de six planches – connu sous le nom de chef-d’œuvre de Goltzius » où il s’applique à reproduire les styles des maîtres tels que Dürer, Lucas de Leyde, le Baroche, le Parmesan, Raphaël ou le Bassan dans une démarche de copiste à la limite du faussaire. La transmogrification » issue du maniérisme consiste à créer des représentations à la fois familières et monstrueusement transformées. Nous retrouvons ces anomalies » dans les visages et les corps du Greco et plus tard, au XXe siècle, dans les figures longilignes de Modigliani, les sculptures filiformes de Giacometti, les personnages déformés de Francis Bacon ou les objets gigantesques de Claes Oldenburg. Le baroque L’âge baroque XVIe-XVIIe aura été l’apothéose de l’utilisation des techniques illusoires et du trompe-l’œil. La virtuosité atteint alors son comble et doit beaucoup aux techniques de la perspective et du clair-obscur utilisées. Un style exubérant, décoratif et riche de mouvements qui vampirisera la littérature, la musique, le théâtre, l’architecture, la peinture et la sculpture jusqu’à les confondre. La peinture se mue en architecture et l’architecture en sculpture. Les formes artistiques explorent les limites de leur expression et les dépassent en une fusion affolant les sens. Baldassarre Perruzi, Le salon des Perspectives Villa Farnesina, Rome, 1507-1511. Le Baciccio Giovanni Battista Gaulli. Le Triomphe du nom de Jésus. Eglise du Gesù à Rome 1672-1683. Francesco Borromini, La perspective de Borromini. Galerie du palais Spada 1652-1653. L’art baroque est un art total, un art de mise en scène où la scénographie et la théâtralité sont les vecteurs de l’expérience immersive qui met le regardeur-spectateur au centre de l’œuvre. Anamorphoses, effets de perspective, trompe-l’œil, espaces concaves et convexes, mouvement intérieur, composition en vrille et diagonale, ombre et lumière, seront des techniques utilisées par les stars de ce mouvement polymorphe comme le Bernin, Borromini, le Baciccio, Andrea Pozzo, le Caravage. Gian Lorenzo Bernini le Bernin, L’Extase de sainte Thérèse. Eglise Santa Maria della Vittoria de Rome 1647-1652. Andrea Pozzo, Fresques Actes d’Hercule et son apothéose Viennes, 1704. Caravage, Méduse. Huile sur cuir marouflé sur bouclier en peuplier. Musée des Offices, Florence 1597-1598. Le Caravage, peint des personnages certes très réalistes, mais dans un décor nocturne d’où toute notion d’espace a disparu. Joos de Momper, Winter 1600-1630. Le XVIIe verra également apparaître de troublants paysages anthropomorphes comme ceux de Merian Matthaüs 1593-1650 et Joos de Momper 1564-1635, ou des images cachées apparaissent dans une double lecture. Ce procédé est l’héritage des paysages fantastiques chinois et des miniatures Indo-Persanes. Image composite moghole représentant un éléphant monté par un génie à tête de bouquetin détail, XVIIe siècle. Dans la continuité du maniérisme, les peintres Moghols développeront de fascinantes images d’animaux composites… Bien plus tard, aux XIXe siècle, le peintre et graveur japonais Utagawa Kuniyoshi sera un adepte des images composites dans certains de ses travaux. Cornelis Norbertus Gysbrechts, Trompe-l’oeil d’un placard ouvert 1665. Le flamand Cornelis Norbertus Gysbrechts 1630-1675 sera le principal représentant du trompe-l’oeil pictural spécialisé dans les natures mortes et les vanités au XVIIe siècle. Les artistes néerlandais du XVIIe peindront l’intérieur de boîtes appelées coffrets de perspective » ou boîtes d’optique » de telle sorte qu’en regardant à l’intérieur, à travers un trou situé au centre de la projection, on voie une scène tridimensionnelle qui s’étend bien au-delà des limites de la boîte. Le peintre, graveur et poète Samuel van Hoogstraten adepte du trompe-l’œil dans ses peintures et natures-mortes utilisera ses connaissances en perspective, les effets de trompe-l’œil et les distorsions de l’anamorphose pour construire ses boîtes d’optique » comme celle avec des vues intérieures d’une maison néerlandaise 1655-1660 qui peut être observée par des orifices situés de chaque côté de la boîte. Le siècle des Lumières Au XVIIIe siècle, période charnière de transition entre le classicisme et le néo-classicisme, voit apparaître le mouvement rococo qui, comme le baroque, va se propager à l’architecture, la peinture, la sculpture et les arts décoratifs. Stylistiquement, le rococo déploie une profusion d’ornementations, un éclatement de toutes formes de structures et un condensé de sensations fugitives. La décoration intérieure est la plus significative de ce style et se développe en France et surtout en Bavière. En Italie, le rococo est rattaché aux derniers artistes du baroque comme Borromini ou Guarini. Le vénitien Giovanni Battista Tiepolo 1696-1770, spécialiste des fresques en trompe-l’œil développe tout son art du raccourci dans les palais et les églises à Venise et en Bavière. Giovanni Battista Tiepolo, Allégorie du Mérite Accompagnée de la Noblesse et de la Vertu 1757-1758. Le peintre flamand Martin-Joseph Geeraerts 1707-1791 fût un grand maître de l’illusionnisme spécialisé dans un type de peinture en grisaille imitant avec brio les bas-reliefs de l’antiquité ou les sculptures monumentales de ses contemporains. Martin-Joseph Geeraerts, Jeux d’enfants grisaille. Martin-Joseph Geeraerts, Ensemble de grisailles de la cathédrale Notre-Dame de Cambrai à Arras 1756-1760. Les neuf grisailles de la Cathédrale Notre-Dame de Cambrai sont des pièces artistiques majeures réalisées par Geeraerts entre 1756 et 1760. Exécutées d’après Rubens, elles sont en trompe-l’œil et reproduisent superbement l’effet de la sculpture. Les quatre grisailles du transept Saint-Joseph mettent en scène la Passion du Christ, les quatre autres, dans de la chapelle Notre-Dame de Grâce, illustrent des scènes de la vie de Marie. La neuvième se trouve dans la sacristie de la cathédrale. Ces grisailles ont été emportées par les Allemands lors de leur retraite en 1918. On les a retrouvées à Bruxelles avec d’autres œuvres d’art. Elles étaient de retour à Cambrai en avril 1919. Piranèse. Les Prisons imaginaires, planche XIV. Estampe 1750. Giovanni Battista Piranesi fut un grand créateur de décors fantastiques. Il rompit volontairement avec les lois de la perspective pour jouer avec les limites du possible en créant des anomalies architecturales. William Hogarth 1697–1764 – Fausse perspective 1754. Matthäus Merian, double portrait extrait de Basel’s dance of death. Gravure sur cuire de Jacques Antony Chovin 1744-1789. Le XIXe siècle Louis-Léopold Boilly 1761-1845, peintre des Lumières aux talents multiples et à l’humour humaniste, était un virtuose du portait, des scènes de genre et du trompe-l’œil. Trompe-l’œil qu’il est le premier à se réclamer avec ses peintures en 1800. Grand amateur de théâtre et d’optique, Boilly provoque la rétine avec une toile imitant de façon hallucinante, dans un cadre factice, un amas de dessins et de gravures aux feuilles légèrement cornées dont un autoportrait de lui hilare. Ses Trompe-l’œil sont bluffants comme son Chat gourmand, des tables de jeu littéralement renversantes et des peintures encadrées dont le verre semble brisé. Louis-Léopold Boilly, Trompe-l’oeil avec un chat et une bûche de bois à travers une toile, poissons suspendus de la civière. Louis-Léopold Boilly, Trompe-l’oeil aux pièces de monnaie, sur le plateau d’un guéridon 1808-1814. Au XIXe siècle, le peintre, aquarelliste et graveur catalan Pere Borrell del Caso se fera principalement connaître pour ses tableaux en trompe-l’œil, dont le célèbre Escapando de la crítica 1874. Pere Borrell del Caso, Niñas riendo 1880. Utagawa Kuniyoshi, Man made of men. Image composite 1847. L’art moderne La peinture impressionniste apparaît officiellement en 1872 lorsque Claude Monet peint Impression Soleil Levant, œuvre qui donnera son nom au mouvement. Un mouvement qui rejeta le classicisme, l’académisme et le processus de la mimesis instaurés durant des siècles en les remplaçant par un ressenti subjectif et perceptif des choses. Pour représenter la nature, l’artiste se fie à ses impressions. Le pointillisme ou divisionnisme est instauré par Georges Seurat dans les années 1880. Ce mouvement est classé dans un courant artistique dit néo-impressionniste ». C’est un procédé de petites touches de couleur juxtaposées qui donne l’illusion d’une image figurative, observée à la bonne distance. Une technique utilisée depuis le XVIe siècle mais montée en système par Paul Signac. Georges Seurat, La Seine à Courbevoie détail, 1885. Le cubisme 1907-1921 représenté par Pablo Picasso et Georges Braque redéfinira la peinture figurative en la projetant dans une multitude de points de vue, décomposant et rassemblant les objets et les figures humaines, pour annoncer l’art abstrait de Kandinsky. Pablo Picasso, Portrait d’Amboise Vollard 1909-1910. Le surréalisme instauré par André Breton en 1924 est défini comme un automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale […] ». La psyché, le rêve, les croyances, l’ésotérisme et la magie dirigent ce mouvement. Salvador Dali, Ballerine et Tête de Mort 1939. René Magritte, La reproduction interdite 1937. Les œuvres surréalistes aiment les devinettes et les puzzles visuels. L’image se double, s’inverse devient ambiguë dans une mise en abyme ludique. René Magritte, Max Ernst, Man Ray et surtout Salvador Dali exploitent des rebus polymorphes à plusieurs entrées d’interprétations. Les illusions d’optique En parallèle des découvertes sur la persistance rétinienne qui produira de nombreux jouets optiques créant l’illusion du mouvement ou du relief, dans les années 1860, psychologues, physiologistes et physiciens allemands produisent une étonnante série d’illusions d’optiques comme Adolf Fick, Johann Karl Friedrich Zöllner, Johann Christian Poggendorff et Ewald Hering. Plus tard, les psychologues Franz Müller-Lyer, Hermann Ebbinghaus, Edward Bradford Titchener, James Fraser et Mario Ponzo produiront respectivement l’illusion Müller-Lyer 1889, l’illusion Ebbinghaus 1901, la spirale de Fraser 1908 et l’illusion de Ponzo 1911. L’illusion de Zöllner 1860. L’avènement du gestaltisme ou psychologie de la forme en 1890 initié par le philosophe autrichien Christian von Ehrenfels a débouché sur une théorie selon laquelle les processus de la perception et de la représentation mentale traitent spontanément les phénomènes comme des formes globales. Les principales lois de la gestalt appartiennent au domaine visuel comme la loi de la bonne forme, de continuité, de la proximité, de similitude, de destin commun et de familiarité. Canard-lapin. figure ambigüe réversible et bistable. Dessin publié dans le journal satirique munichois Fliegende Blätter 1892. William Hill, Une jeune fille et une vieille femme 1915. Caricature tirée d’une carte postale allemande de 1888. De nombreuses découvertes optiques dans le domaine scientifique n’en finissent pas d’apparaître jusqu’à nos jours, comme L’illusion de Michael White 1979, L’illusion de Thatcher de Peter Thompson 1980, l’illusion de Pinna 1990, l’illusion d’Adelson 1995, ou l’illusion Rotating snakes de Akiyoshi Kitaoka 2003. Le temple des illusions regroupant les illusions de Zolner, Fraser, Hering et Ehrenstein. Nigel Rodgers, Illusions d’optique 1999. Connues depuis l’Antiquité, les illusions d’optique étaient utilisées pour la construction des temples grecs et des pyramides bien avant qu’on en connaisse les causes. Elles surviennent naturellement ou sont créées délibérément par des dispositifs qui utilisent certains principes de fonctionnement du système visuel humain. Ces perceptions sont aussi les expériences dont les neurosciences disposent pour expliquer la vision. On peut regrouper les illusions d’optiques en quatre grandes catégories les illusions cognitives, les illusions physiologiques, les curiosités optiques et les énigmes visuelles. Dans les illusions cognitives nous pouvons classer le rapport fond/forme, les illusions géométriques, l’effet Stroop, l’illusion de relief, l’illusion de lecture, les figures impossibles, les illusions faciales, les images fantômes, les ambigrammes. Dans les illusions physiologiques nous pouvons classer les images hybrides, les images rémanentes, la 3D, la tâche aveugle, les mouvements virtuels, les effets de contraste et l’effet Troxler. Les nombreuses découvertes optiques dans le domaine scientifique vont influencer un grand nombre d’artistes qui utiliseront ces principes d’illusions visuelles et paradoxes perceptifs dans leur travail. Oscar Reutersvärd, 132. Le triangle de Penrose, objet impossible conçu par le mathématicien anglais Roger Penrose dans les années 1950, sera une figure essentielle des travaux de l’artiste Maurits Cornelis Escher. Cette figure a été décrite pour la première fois en 1934 par le suédois Oscar Reutersvärd 1915-2002 qui est le premier à avoir introduit les figures impossibles dans l’art. Elle a été redécouverte par Penrose qui en publie le dessin dans le British Journal of Psychology en 1958. Dans cette même publication nous retrouvons l’escalier de Penrose que reprendra Escher pour sa fameuse lithographie Montée et Descente 1960. Escher, Montée et Descente 1960. Maurits Cornelis Escher est connu, depuis les années 1920, pour ses troublantes lithographies et ses dessins figurant des labyrinthes et des constructions impossibles. Un artiste populaire, rattaché à aucun mouvement artistique, qui expérimentait de nouvelles formes en travaillant les fausses perspectives, en décalant les angles de vue et en exploitant la relativité des points de fuite. Escher, Main se reflétant dans une sphère 1935. Escher influencera un nombre incalculable d’artistes qui reprendront ses constructions et ses compositions illusionnistes dans des variations infinies jusqu’à nos jours. Entre image composite et paysage anthropomorphe, le travail réaliste magique du peintre et illustrateur canadien Rob Gonsalves en est le meilleur exemple. Rob Gonsalves, Carved in Stone 1995. Istvan Orosz, Balcon 1997. Victor Vasarely, Gamma. Fondation Vasarely 1958. Victor Vasarely, avec le mouvement de l’art optique dans les années 1950, aura porté et transcendé les illusions d’optiques à un niveau jamais atteint en réinterprétant diverses illusions comme celle de Ehrenstein ou de Kanizsa. Roger N. Shepard, Dilemme dorique. Dessin sur le principe du Blivet le trident à deux dents et de l’anomalie figure-fond 1990. Seules des conditions artificielles, comme celles que peuvent concevoir un psychologue de la perception, un magicien ou un peintre en trompe-l’œil, nous rendent conscient du puissant travail de déduction qu’effectue le mécanisme caché de notre système visuel. » Shepard Francis Tabary, Grand Penrose aluminium. Le magicien et sculpteur Francis Tabary conçoit depuis 2003 des sculptures impossibles basées sur le principe de Penrose, ainsi que des ambigrammes en volume. Gérard Bakner. Eloge du mouvement 2. D’après un buste de Franz Xaver Messerschmidt et sur le principe de l’illusion d’Hajime Ouchi 1973. Tirage numérique sur Dibond 2016. Le magicien et artiste Gérard Bakner, revisite de célèbres illusions d’optiques pour créer ses impressions numériques comme l’illusion de la grille d’Hermann, l’illusion de Poggendorff, l’effet Troxler, l’illusion de Kanizsa, l’illusion de Ehrenstein, l’illusion de Ouchi et l’illusion de Pinna. Philippe Socrate, Flamme partagée 2017. Ce travail graphique revisite magistralement la perception figure-fond connue par le dessin du vase du psychologue Edgar Rubin 1915, dont les antécédents sont les vases funéraires révolutionnaires cachant des profils vers 1795. Le magicien, médecin et graphiste Philippe Socrate a développé tout un travail sur les illusions d’optique ; une passion qu’il cultive depuis 30 ans. Dans ce domaine on ne peut rien faire d’original, si on ne met pas les mains dans le cambouis. » dit-il. De 2015 à 2017, il a passé trois heures par jour sur Photoshop pour produire un merveilleux livre qui est une référence en la matière Tous les secrets des illusions d’optique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017. Il expose aussi au grand public un Quiz Optique interactive lors de soirées privées d’entreprises. Ken Knowlton, Portrait de Martin Gardner 1993. L’artiste américain Ken Knowlton développe en 1980 tout un travail graphique à l’aide de double dominos pour composer des portraits figuratifs. Il reprend, à sa façon, la technique des peintres pointillistes de la fin du XIXe. Simon Batman vs Penguin, Criminal Underworld. Figure réversible 2010. Le photomontage La photographie a cette particularité d’être considérée comme la plus vraisemblable preuve, document et la plus suspecte manipulations, trucage. Les manipulations de l’image photographique accompagnent cette pratique depuis son invention. La photographie spirite s’emparera du trucage argentique et de la double exposition dès les années 1860 avec William Mumler pour produire des images surréelles de fantômes, revenants et autres décapités réalisés à la main, grâce au découpage et à la superposition de négatifs. William Mumler. Photographie spirite vers 1860. Dans les années 1870, le photomontage est utilisé par Ernest Appert, mais c’est à partir des années 1917 qu’il va se propager avec le mouvement constructiviste russe par l’intermédiaire d’Alexander Rodtchenko et El Lissitzky et avec le Dadaïsme. Deux utilisations différentes l’une politique, l’autre poétique. Photographie expérimentale, Russie vers 1920. John Heartfield, Adolf le surhomme ingurgite de l’or et débite des balivernes. Photomontage 1932. B. Klintch, Staline. Photomontage du 1er mai à Moscou 1936. La propagande politique de certains pays comme la Russie utilise cette technique comme trucage pour réécrire l’histoire » en effaçant ou transformant argentiquement » une certaine réalité photographique. Le travail du photographe américain Jerry Uelsmann est considéré comme précurseur du photomontage au XXe siècle. Il crée ses photomontages à partir de plusieurs négatifs photographiques en se servant des outils et procédés de trucage entièrement analogues. Son travail, qui est à la hauteur des photomontages numériques, s’inscrit dans un surréalisme photographique. Un grand nombre de ses images sont de vrais trompe-l’œil surréalistes. Jerry Uelsmann, Untitled 1997. Maggie Taylor, The visitor 2011. La retouche d’images et le développement des trucages photographiques numériques assisté par ordinateur s’est développé depuis les années 1990 avec la propagation de logiciels comme Adobe Photoshop. Des artistes comme Maggie Taylor, Barry Frydlender, Eva Lauterlein, Adam Magyar, Erik Johansson, Eric Rondepierre, Jean-François Rauzier sont des virtuoses de ce procédé. Erik Johansson, Reverberate 2011. Eva Lauterlein, Chimères 2017. L’école allemande composée d’Andreas Gursky, Candida Höfer, Axel Hütte et Thomas Demand, travaillent depuis les années 1970 dans la lignée de la Nouvelle Objectivité, un mouvement qui visait à représenter sans fard le réel dans les années 1930. Ils introduisent tous l’illusion dans leur composition. Loin de dupliquer la réalité ou d’en conserver une trace objective, ils attachent à prouver que c’est au moyen de l’illusion que s’opère une certaine forme de vérité. Andreas Gursky, The 99 Cent II 1999. Andreas Gursky produit des images sous la forme de séries donnant le vertige. Qu’il s’agisse de foules humaines foisonnantes, d’objets présentés de façon démultipliée, d’images répétées et accolées les unes aux autres, tout semble démesuré, hors de proportion. Les modalités de fabrication de ces images à caractère souvent illusoire d’un réel figé et découpé de façon systématique s’effectuent à l’aide de techniques de retouche par ordinateur, alternant effets de masse et aplats abstractisants. Il combine ainsi plusieurs photographies d’un même objet prises d’endroits différents, donnant à voir une vue qu’il serait impossible d’observer dans la réalité. Alex Hütte explore, quand à lui, l’architecture anonyme et les friches urbaines, jouant avec la frontalité des vues tout en accentuant le caractère descriptif du médium photographique. L’image qu’il donne du monde paraît figée et fausse. Elle est morcelée du fait de la sérialité des vues. Cernant les bâtiments, ciselant les silhouettes, gommant des détails qui perturbent la lecture de l’image, l’artiste transforme, au moyen du numérique, ses vues en une fausse réalité, où tout serait ordonné. Thomas Demand, Desk 1994. Chez Thomas Demand, d’autres moyens de jouer avec les vérités et les mensonges de l’image sont à l’œuvre dans des espaces soigneusement élaborés sous forme de maquettes en carton et papier à l’échelle 1 1, qui sont ensuite photographiées pour reproduire des lieux de la vie quotidienne, comme s’il s’agissait d’espaces réels. L’artiste s’acharne à façonner une réalité et à tromper le spectateur, tout en s’amusant simultanément, par le biais d’indices, de failles et de légères imperfections, à rendre perceptible cette duperie. Demand révèle ainsi son travail de maquettiste dans de faux trompe-l’œil qui redoublent le jeu de l’illusion perceptive et piège le regard. A l’inverse des photographes utilisant le numérique, un artiste comme Bernard Voïta joue de la nature artificielle et trompeuse de la photographie pour composer des espaces illusionnistes travaillés sur différents plans de l’espace avec une multitude d’objets et sans montages, ni retouches dans le résultat final. Quand à Philippe Ramette, il utilise des trucages physiques cachés Prothèses-sculptures pour donner à ses photos des effets d’équilibres impossibles qui défient les lois de la gravité et de la logique. Philippe Ramette. Promenade irrationnelle, exploration rationnelle des fonds sous-marins 2006. Qu’il s’agisse de jouer avec la notion d’illusion ou de faire transparaître des indices témoignant d’une tromperie, l’image photographique vise souvent à mettre à mal l’attitude du spectateur envers ce qu’il contemple. L’art contemporain L’art contemporain après 1945 aura vu se développer des courants artistiques basés essentiellement sur l’illusion du volume et l’esthétique du mouvement, comme l’art optique et l’art cinétique dans les années 1950 et 1960. En 1951, les premières œuvres optiques sont basées sur le contraste entre le noir et le blanc. C’est la persistance rétinienne qui donne naissance à une illusion d’optique ou de mouvement dans l’œuvre. Victor Vasarely est considéré comme le père de l’art optique et cinétique qu’il théorisera dans son Manifeste jaune en 1955 où il jette les bases de la plastique cinétique et annonce une nouvelle ère artistique où les notions de mouvement, d’instabilité et de transformation sont au centre du dispositif. Le mouvement repose uniquement sur des phénomènes optiques, la lumière et le déplacement du spectateur face aux œuvres. L’appréhension par le regard est le seul créateur de l’œuvre. Victor Vasarely, Vega 201 1968. Très vite, Vasarely invente ses propres codes, où le dialogue entre la couleur et la forme définit une sémantique géométrique. Il joue avec les effets optiques qui sont autant de mise en garde sur les divergences, qui trahissent aussi la réalité d’un monde incertain ». Il part du fait que notre perception traite spontanément les phénomènes de façon structurée ; il est donc aisé de lui jouer des tours ! Il fonde son message et l’efficacité de son art sur une condition universelle la condition humaine perceptuelle. Fondation Vasarely. Aix-en-Provence 1976. Nous pouvons avoir un aperçu du génie créateur de Vasarely en visitant sa Fondation à Aix-en-Provence, ouverte en 1976, véritable chef-d’œuvre et point d’orgue d’une vie de recherche et d’expérimentation qui concrétise ses idées sur l’intégration de l’art dans la cité. Cette cathédrale visuelle composée de 16 cubes juxtaposés formant un ensemble de 90m de long, 45m de large et 12m de haut intègre 44 œuvres monumentales en aluminium, tapisserie, verre, émail, céramique… Un voyage immersif extraordinaire dans ce lieu expérimental de recherches tourné vers l’avenir ! Non seulement l’art cinétique tient compte du fait que le spectateur construit sa vision par la vision stéréoscopique des deux yeux et le balayage constant du champ visuel, mais joue, en plus, avec cet aspect actif de la vision, notamment en cherchant toutes les conditions ambiguës qui font que cette vision ne peut se stabiliser sur une interprétation, mais est obligée d’osciller de l’une à l’autre. » Victor Vasarely Chef de file, Vasarely fera découvrir au monde le travail de ses collègues Julio Le Parc, Jesus-Rafael Soto, Jean Tinguely, Yaacov Agam, Robert Jacobsen, Bridget Riley, Pol Bury, José Maria Yturralde et Nicolas Schöffer. Ce dernier faisant évoluer l’art cinétique vers le cybernétique et l’interactif avec ses sculptures-spectacles, mélange de théâtre d’ombres et d’installation hypnotique. C’est à New York, en 1965, que le mouvement de l’art optique, ou op art, connut un début de reconnaissance internationale avec l’exposition du MoMA intitulée The responsive eye. Les tableaux avaient des surfaces illusionnistes qui déclenchaient des réactions visuelles extraordinaires chez le spectateur. Abstractions perceptuelles, ambiguïtés spatiales et sensations de mouvements étaient engendrées par divers procédés, dont la manipulation de dessins géométriques et la juxtaposition de couleurs intenses. Yaacov Agam, Salon Agam 1972-1974. Jesus-Rafael Soto, Double Progression Bleue et noire 1975. Le miroir sera un matériau de prédilection pour les artistes cinétiques comme Christian Megert, Dan Graham, Larry Bell, pour renverser les rôles et les horizons d’attente du spectateur. Aujourd’hui, Timo Nasseri, Anish Kapoor, Jeppe Hein, Leandro Erlich, Daniel Buren continuent d’expérimenter les multiples possibilités du miroir dans sa tradition de réflexion et de transparence. Christian Megert, Environment Documenta 4, 1968. Dan Graham, Square Bisected by Curve 2008. L’hyperréalisme est la reproduction, neutre et objective, à l’identique d’une image en peinture. Il prend ses racines dans la philosophie de Jean Baudrillard, la simulation de quelque chose qui n’a jamais vraiment existé ». En tant que tel, les hyperréalistes créent une fausse réalité, une illusion convaincante basée sur une simulation de la réalité. Les peintures et les sculptures hyperréalistes sont minutieusement détaillées pour créer l’illusion d’une réalité non vue dans la photo d’origine. Don Eddy, Volkswagen and OK used Cars 1971. Ralph Goings, Still life with mirror 1981. Selon Hal Foster, l’image hyperréaliste est une image trompeuse, mais elle n’est pas une simple tromperie. Elle est un subterfuge contre le réel qui ne s’engage pas à le pacifier, mais à le sceller derrière la surface. L’hyperréalisme est comme accablé par l’apparence. Il invite le spectateur à s’adonner, presque d’une manière schizophrène, à sa surface. On regarde, au final, une image qui paraît s’enfermer dans sa propre illusion. Le peintre Don Eddy s’affirme dans les années 1970 comme l’un des pionniers du photoréalisme. Ses collègues américains Richard Estes, Robert Bechtle, Ralph Goings, Richard McLean et Chuck Close, Dan Witz suivront le mouvement. En Europe, le grand peintre allemand Gerhard Richter s’essayera à l’hyperréalisme, tout comme son compatriote René Wirths. Duane Hanson, Supermarket Lady 1969. Le précurseur Duane Hanson, puis ensuite John de Andrea, Jacques Verduyn, Evan Penny et Ron Mueck sont les représentants les plus célèbres de la sculpture hyperréaliste. Duane Hanson 1925-1996 a commencé à introduire des représentations humaines dans son travail dès les années 1960, reprenant une certaine tradition des dioramas humains avec un message acide sur la société de consommation américaine, comme le racisme ou la pauvreté remettant en cause l’american way of life. Ron Mueck, lui, n’hésite pas à travailler les détails et l’échelle pour jouer sur l’ambiguïté et le malaise face à l’œuvre. Les sculptures d’ombres Telle qu’elle a été formulée depuis Platon, l’ombre est avant tout considérée comme un simulacre, une chose opaque, indigne de confiance et éloignée de la vérité. L’ombre est un précieux instrument de connaissance et de savoir qui se retrouve dans la célèbre allégorie de la caverne qui jalonnera toute l’histoire de la philosophie occidentale. Quel est donc le degré de vérité des ombres ? De nombreux artistes utilisent l’ombre dans leur création artistique pour son pouvoir de dissimulation et d’illusion. Un des précurseurs de ce dispositif est Laszlo Moholy-Nagy avec son Modulateur espace-lumière réalisé entre 1922 et 1930. Dans les années 1960, une série d’œuvres cinétiques utilisera la lumière et le mouvement comme des éléments essentiels. Mac Adams, Rabbit 2000. C’est ensuite dans les années 1980 qu’apparaitront les sculptures d’ombres. A l’époque, Christian Boltanski et Mac Adams ont commencé à explorer les potentialités du médium photographique dans l’espace par l’usage de l’ombre projetés. Dans les sculptures d’ombres, l’ombre est un matériau à part entière. Ces installations sont construites selon un dispositif de projection, composé d’un projecteur lumineux spot, vidéoprojecteur et d’un écran mur, sol, toile… sur lequel apparaît l’image-ombre, fixe ou en mouvement, invariablement créée par l’interception de la lumière par un objet central. Les sculptures d’ombres conservent une certaine puissance enchanteresse des dispositifs du pré-cinéma qu’elles réactivent. Shigeo Fukuda, One cannot cut the sea 1988. Tim Noble et Sue Webster, Dirty White Trash with Gulls 1998. Kumi Yamashita, Child 2011. Contrairement aux sculptures lumino-cinétiques, qui sont exclusivement abstraites, les sculptures d’ombres projettent des images invariablement figuratives comme dans les œuvres de Mounir Fatmi, Badr El Hammami, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Kumi Yamashita, Fred Eerdekens ou Tim Noble et Sue Webster. Le Street art L’art hurbain qui prend ses racines dans les années 1960 avec des artistes comme Allan Kaprow, Victor Vasarely ou Calder, se développe réellement dans la décennie suivante avec des initiatives individuelles utilisant différentes techniques pour un résultat souvent éphémère. La pratique du trompe-l’œil est une des plus représentatives du street art. Bansky. Plusieurs artistes investissent les murs des villes pour y créé différents trompe-l’œil utilisant différentes techniques comme le graffiti et le pochoir avec Bansky ou le dessin, la peinture et la sérigraphie sur papier avec Ernest Pignon-Ernest ou la photographie avec Joshua Callaghan. Ernest Pignon-Ernest, Lavandière Naples, 1988. D’autres artistes sont adeptes de la sculpture comme celle de taille humaine de Mark Jenkins, inquiétantes et dérangeantes, qu’il dissémine dans l’espace public et qui trahissent la solitude produite par la société moderne. Le photographe, vidéaste et sculpteur Cayetano Ferrer utilise un camouflage photographique très élaboré pour rendre les objets invisibles. Le chinois Liu Bolin se sert de son propre corps pour traduire ses engagements. Tel un caméléon, il se fond dans les rayons d’un supermarché ou se camoufle dans le drapeau chinois, dénonçant ainsi la dilution de l’individu dans l’identité collective et la soumission aux diktats du consumérisme. Cayetano Ferrer, Western import Kadoya brand 2007 Liu Bolin. Hiding in the city, Water Crisis 2013. La fresque en trompe-l’œil tire ses origines de la Rome antique et se retrouvera au fil des siècles sur les façades des maisons comme à Camogli, en Italie, au XVIIe. A la fin des années 1970, le trompe-l’œil devient monumental avec les muralistes qui parent les villes d’œuvres XXL pour les embellir. Fleurissent alors des fresques murales à tous les coins de rue avec pour motif principal les fausses fenêtres. Aux Etats-Unis, Richard Haas renoue avec la tradition décorative et réalise en 1978 l’un de ses chefs-d’œuvre sur le Consolidated Edison Building à New York. Sur brique ou béton, ses édifices factices célèbrent la puissance et la modernité de la nation américaine. En France, Fabio Rieti réalise de troublantes illusions oniriques. Richard Haas. Homage to Cincinnatus, Brotherhood Building, Kroger Company, Cincinnati 1983. Fabio Rieti. L’escalier, rue Etienne Marcel-Turbigo à Paris 1989. Façade en trompe-l’œil. Pignon de l’immeuble situé sur l’esplanade Pompidou, quai des Etats-Unis à Nice réalisé par la société AD Affresco 2014. La tradition du trompe-l’œil à Nice vient de l’influence génoise. En effet à Gènes, nous retrouvons beaucoup de décors peints. Ils réorganisent une façade et servent de pansements à l’architecture. A partir des années 1980, plusieurs peintres illusionnistes et éphémères fleurissent sous le regard subjugué des passants. Ils n’interviennent plus sur les murs et les façades mais directement au sol sur le bêton et autres pavements en appliquant la technique de projection en anamorphose. A l’aide de craies ou de pastels, jaillissent des cités enfouies, des gouffres qui donnent le vertige. Grâce à la technique de l’anamorphose, l’effet produit nous fait basculer dans la troisième dimension. Kurt Wenner, Reflections 2007. Kurt Wenner, Alpha renaissance. Le pionnier du trompe-l’œil au sol est l’américain autodidacte Kurt Wenner. Il s’est formé auprès des grands maîtres et en 1982 part à travers l’Europe découvrir et observer les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne Giotto, Michel-Ange et Tiepolo, scrutant les lignes de fuite. C’est pour financer ses voyages qu’il se met à dessiner sur le plancher des capitales où il fait étape. En créant en directe devant la foule, il fait de ce spectacle de rue une véritable performance artistique. Grâce à lui, cette discipline a été érigée au rang d’art sacré » en 1991, à l’occasion d’une commande pour la venue du Pape Jean-Paul II à Mantoue. Edgar Müller, The cave 2008. Manfred Stader, Skip navigation 2014. D’autres artistes ont suivis le mouvement comme l’anglais Julian Beever, les allemands Edgar Müller et Manfred Stader ou encore 3D Joe&Max qui jouent aussi sur l’interaction entre l’œuvre et le public. Avec l’arrivée des nouvelles technologies numériques, les possibilités du trompe-l’œil se développe à grande échelle, comme par exemple en 2013 avec l’anamorphiste français François Abélanet qui réalise Trucks de Ouf, la plus grande anamorphose imprimée au monde 5000 m2 installée place Bellecour à Lyon et commanditée par Renault. De son côté l’artiste photographe JR a fait disparaître » la pyramide du Louvre, en 2016, en la recouvrant d’un collage d’images marouflées représentant en noir et blanc la façade Sully du musée qu’elle cache. L’artiste a confié la réalisation de cette œuvre à JC Decaux Artvertising, spécialiste du format XXL et Prismaflex International pour un résultat confondant. François Abélanet, Trucks de Ouf Lyon, 2013. JR & Liu Bollin. Pyramide du Louvre, Paris juin 2016. Il est de plus en plus fréquent de voir des monuments recouverts de bâches imprimées lors de travaux de rénovations. Ce cache misère ou subterfuge, permet de dissimuler les échafaudages tout en donnant l’illusion d’un bâtiment intact. Certains plasticiens détournent de façon judicieuse ce procédé à des fins artistiques comme Pierre Delavie qui kidnappe » les façades de plusieurs édifices historiques pour les recouvrir de photomontages qui déstructure ou déforme l’architecture. Pierre Delavie, Grand Palais 2014. Pierre Delavie, Immeuble déformé 2007-2008. Le mapping vidéo mapping 3D est une technique qui permet de projeter des images sur des volumes en jouant avec leur relief. Son origine remonte en 1969 lorsque Disneyland réalise des projections sur des objets 3D pour l’attraction Haunted Mansion. Dans les années 1980, l’artiste Michael Naimark filme des personnes interagissant avec des objets dans une salle de séjour, puis les projettent dans la salle vide créant l’illusion que les personnes interagissent avec les objets. À partir de 2001, de plus en plus d’artistes commencent à utiliser le mapping vidéo pour la création d’œuvre ou pour de grosses compagnies. Parc Disneyland, Haunted Mansion 1969. Qu’elle soit sur une façade ou un bâtiment, la projection joue sur l’illusion optique entre le relief réel et sa seconde peau virtuelle. Elle augmente et sublime l’objet ou l’architecture qu’elle éclaire. Fête des lumières. Théâtre des célestins de Lyon 2010. Le Diable enchanteur. Projection lumineuse, magique et musicale sur la façade de la Maison de la Magie à Blois. Conception artistique et technique Full Media Concept / Marc Dossetto 1er et 2 juin 2018. Ces illusions d’optiques sont créées grâce à des techniques de masquage de certaines zones de la surface-écran et de mise en valeur d’autres zones grâce à de très puissants faisceaux lumineux. Les images colorées ou en trompe-l’œil peuvent transformer ce qui est réel par des illusions aux possibilités infinies. Animation de mouvements en 3D relief, colorisations, vidéo dynamique, illusions d’optiques, Réalité Augmentée… Les effets sont illimités et misent au service d’une écriture poétique, historique ou fantastique. L’architecture contemporaine est friande de techniques illusoires pour transformer la perception d’un bâtiment en utilisant le trompe-l’œil, l’illusion d’optique, le miroir, la réflexion ou la construction impossible. Ashton Raggatt McDougall. Australian Customs Service Melbourne, 2006. Application du fameux Café wall illusion de Richard Gregory créé en 1973, dont le précurseur est Hugo Münsterberg avec son shifted-chessboard illusion datant de 1897. Pickard Chilton et Everton Oglesby. Pinnacle at Symphony Place Nashville, 2007. MVRDV / Winy Maas, Jacob van Rijs et Nathalie de Vries. Baltyk Building Poznań, 2011. Le magicien dans l’art On ne compte plus les artistes qui ont représenté des magiciens dans leur œuvre. Qu’ils soient escamoteur, sorcier ou prestidigitateur, on les retrouve notamment chez Jérôme Bosch ou Pieter Brueghel et dans un grand nombre de gravures médiévales. Pieter Bruegel, La chute du magicien Hermogene détail de la gravure, 1565. Georges de La Tour, Le tricheur à l’as de carreau détail, 1636-1638. L’un des accessoires symboliques du magicien comme les cartes à jouer sont très présentes dans les représentations picturales dès le XVIe siècle avec les fameux Tricheurs 1594 du Caravage ; suivront d’autres parties de cartes » sous les pinceaux de Georges De La Tour, Jean Baptiste Chardin, Cézanne, Pablo Picasso, Otto Dix, Botero, Fernand Leger… L’escamoteur 1475-1505 de Jérôme Bosch représenté sur le tableau exécute devant une assemblée de spectateurs ce qui est reconnu comme étant le plus vieux tour de magie de l’histoire, celui des gobelets. Conclusion Toute illusion n’existe que par l’interprétation du public. C’est un processus éminemment subjectif qui est à l’œuvre entre l’émetteur l’œuvre et le récepteur le regardeur. Même si l’illusion est provoquée par des techniques précises et ciblées, la finalité sera différente d’un individu à un autre. C’est le propre de l’art que de susciter des réactions divergentes, voire contradictoires et de provoquer le questionnement et le débat. Chacun est libre d’interpréter ce qu’il voit, de lui donner de l’importance ou de passer son chemin. Vik Muniz, Toy Soldier 2003. Dans L’art et L’illusion, son formidable essai sur l’exploration de l’histoire et de la psychologie de la représentation artistique, l’historien Ernst Gombrich 1909-2001 examine, interroge et redéfinit la notion d’imitation de la nature, le rôle de la tradition, le problème de l’abstraction, le bien-fondé de la perspective et l’interprétation de l’expression artistique. Pour lui, tout art est tromperie et il met le spectateur-regardeur au centre de la conceptualisation de l’œuvre d’art ; il pose la question de l’objectivité et de la subjectivité par le phénomène de la projection », inséparable de toute illusion artistique, qui reproduit et imite dans notre mental des formes familières à partir d’autres qui ne le sont pas. Ainsi, nous pouvons voir dans ces espaces vides des objets qui n’y sont pas, des imitations des images mentales. Comme le magicien place au centre de son numéro le spectateur pour mieux le cueillir, par un tour d’esprit, l’œuvre est interprétée par le regardeur de façon psychologique. Pour mieux appréhender et comprendre le réel, c’est souvent par l’artifice que l’on touche à la réalité et à la vérité des choses. Bibliographie sélective 1 – Histoire de l’art d’Ernst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2001. Première parution 1950 – Perspective et histoire au Quattrocento de Giulio Carlo Argan et Rudolf Wittkower Editions de la passion, 1990 – Les perspectives dépravées, Tomes 1 et 2 de Jurgis Baltrusaitis Editions Flammarion, 2008. Première parution 1955 – La Haute Renaissance et le Maniérisme de Linda Murray Editions Thames and Hudson, 1995 – L’illusion Baroque de Frédéric Dassas Editions Découvertes Gallimard, 1999 – D’Artifices en édifices de Jean Starobinski Editions le 7ème fou, 1985 – Dynamo Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013 de Serge Lemoine, Matthieu Poirier, Marianne Lemoine, Domitille d’Orgeval, Pascal Rousseau et Markus Brüderlin Editions des Musées Nationaux, 2013 – Une image peut en cacher une autre de Jean-Hubert Martin Editions des Musées Nationaux, 2009 – Op Art de Martina Weinhart, Max Hollein et Schirn Kunsthalle Frankfurt Editions Schirn Kunsthalle, 2007 – Le Champs des illusions de Michel Onfray et Philippe Piguet Editions Centre d’Art de Tanlay, 1998 – Felice Varini Points de vue de Fabiola Lopez-Duran Editions Lars Muller, 2004 – L’art de l’illusion de Terry Stickels et Brad Honeycutt Editions Hugo Images, 2013 – Richard Haas An Architecture of Illusion Editions Rizzoli, 1981 – Le musée impossible et le musée des illusions de Céline Delavaux Editions Renaissance Du Livre, 2015 – Tous les secrets des illusions d’optique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017 Bibliographie sélective 2 – La République de Platon Editions Flammarion, 2002 – Psychologie de la forme de W. Köhler Editions Gallimard, 1929 – L’art et l’illusion Psychologie de la représentation picturale de Ernst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2002. Première parution 1971 – Les ruses de l’intelligence la mètis des Grecs de Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne Editions Flammarion, 2009. Première parution 1974 – Le réel et son double de Clément Rosset Editions Gallimard, 1976 – Le réel, traité de l’idiotie de Clément Rosset Editions de minuit, 1977 – De la séduction de Jean Baudrillard Editions Gallimard, 1988. Première parution 1979 – L’Artifice de Guy Scarpetta Editions Grasset, 1988 – L’œil qui pense Visions, illusions, perceptions de Roger N. Shepard Editions Le Seuil, 1990 – La science des illusions de Jacques Ninio Editions Odile Jacob, 1998 – L’image trompeuse de Florence Bancaud Editions Presses Universitaires de Provence, 2016 Note de la rédaction Cet article a été rédigé à l’occassion de l’exposition d’art magique La Galerie des illusions pour les 20 ans de la Maison de la Magie à Blois en 2018. Il a ensuite été augmenté suivant les périodes artistiques. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.
Cest cette dimension que L’avenir d’une illusion se propose d’explorer. Prenant pour titre celui d’un ouvrage du célèbre psychanalyste autrichien Sigmund Freud publié en 1927, cette exposition rassemble un corpus d’oeuvres très hétérogènes, mais qui ont toutes en commun de mettre en doute les convictions les plus intimes de tout être humain.
Exemple de sujet L’art nous détourne-t-il de la réalité ? Le problème consiste ici à remarquer que le statut de l’art est ambigu. L’art procède initialement d’un travail technique qui a pour but de produire une représentation esthétique, c’est-à-dire une oeuvre qui se montre. Mais, pour autant une oeuvre d’art n’est jamais totalement autonome dans le sens où elle représente toujours quelque chose, que cette chose soit une réalité physique un objet du monde par exemple ou une idée abstraite qui décide l’auteur de l’oeuvre à la créer. L’art est donc une forme de langage qui n’est pas vraiment autonome, mais qui re-présente ce qui a déjà été présenté. En ce sens, si une oeuvre traduit ce qu’un auteur, un artiste a cherché à y montrer, l’oeuvre d’art n’est jamais vraiment elle-même sans pouvoir non plus être autre chose qu’elle-même, sans pouvoir se substituer à ce qu’elle montre ou décrit. Se poser la question du rapport de l’art à la réalité traduit ce paradoxe puisqu’il semble que l’art est à la fois une production autonome qui a une existence esthétique propre et une illusion qui ment sur elle-même et se fait passer pour une réalité qu’elle n’est pas et dont elle détourne.... [voir le corrigé complet]Cetartiste de rue réalise des illusions d'optique interactives ! Eduardo Relero est un "street artist" argentin évoluant dans les rues des plus grandes villes du
La solution à ce puzzle est constituéè de 5 lettres et commence par la lettre M Les solutions ✅ pour ART DE L'ILLUSION de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots Croisés pour "ART DE L'ILLUSION" 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide à vos amis! Recommander une réponse ? Connaissez-vous la réponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires
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La peinture baroque est liée au mouvement culturel baroque qui marque l’Europe, essentiellement au fil des XVII e et XVIII e siècles. Ses représentants les plus fameux viennent d’Italie et des Pays-Bas, comme Caravage ou Rubens, mais parfois aussi d’autres pays européens comme la France ou l’Espagne.. Quels sont les thèmes du baroque ? Depuis le XXe siècle, les historiens de l’art appellent baroques » les œuvres d’art du XVIIe siècle caractérisées par des thèmes comme l’illusion, la métamorphose, les courbes, le foisonnement du décor, l’ouverture sur l’infini. C’est récemment que le terme baroque » a été adopté par l’histoire littéraire. Qui est l’inventeur du baroque ? Le terme baroque » dans son sens actuel, comme la plupart des périodes ou désignations stylistiques, a été inventé postérieurement par la critique d’art c’est Heinrich Wolfflin qui impose cette catégorie esthétique en 1915 dans ses Principes fondamentaux de l’histoire de l’art et non par les artistes des XVI e et Quels sont les thèmes préférés des artistes baroques ? Le thème le plus abordé est le thème religieux mais les artistes baroques aiment aussi parler de la mort et utilisent fréquemment l’illusion dans leurs œuvres. Le théâtre est le lieu de l’illusion par excellence. Quels sont les principaux thèmes du classicisme ? 2 Les principaux thèmes du Classicisme Recherche de la symétrie, de l’harmonie et de la raison aussi bien dans la création artistique que dans l’utilisation de la langue française. Volonté de vraissemblance Règle des trois unités au théâtre. Quelles sont les principales caractéristiques du classicisme ? Clarté, rationalité, sobriété, simplicité et cohérence en sont les maîtres mots. Le classicisme se caractérise également par une maîtrise de l’expression et un idéal harmonique d’ordre, de naturel et de symétrie. Quels sont les procédés du classicisme ? Le mélange des registres comique et tragique ▪l’utilisation d’un langage hyperbolique ▪la multiplication des enjambements et l’usage du rythme ternaire en poésie. Qu’est-ce que le mouvement littéraire du classicisme ? Le classicisme se définit comme un mouvement culturel et artistique, dont les œuvres ont atteint le statut de modèle. Les auteurs classiques cherchaient à imiter les auteurs anciens, tels Sophocle ou Euripide, qu’ils considéraient comme des modèles. Quel courant s’oppose au classicisme ? Le xviie siècle français est marqué par la succession de deux courants artistiques qui s’opposent le baroque et le classicisme. Impliquant deux visions du monde contradictoires, ces mouvements s’expriment également dans des formes littéraires qui leur sont propres. C’est quoi le baroque littéraire ? Mouvement littéraire qui débute en 1560 et se termine un siècle plus tard. Il se caractérise par la prédominance de l’imagination, de la fantaisie et du refus des normes classiques. Quelle est la différence entre classicisme et baroque ? L’œuvre classique se présente en différents plans parallèles, tandis que l’œuvre baroque cherche la profondeur. Rubens préfère l’agitation, son tableau est mouvementé. La scène semble même continuer hors du cadre. Celui de Poussin est calme, tout est présent dans le champ de vision. Qu’est-ce qui oppose le baroque et le classicisme ? Le xviie siècle est traversé par deux styles artistiques, le baroque et le classicisme, qui expriment deux visions du monde fondamentalement opposées au mouvement perpétuel et aux jeux infinis de l’illusion baroque s’oppose le goût classique des compositions stables et équilibrées. Comment le baroque est né ? Le baroque est né en réaction contre l’austérité protestante. Il est attaché à une conception d’un monde instable, d’un monde en transformation incessante. Quelle est la différence entre le classicisme et le romantisme ? Le style des classiques est noble, toujours conventionnel, riche en thème et images mythologique et pour cela très éloigné de la sensibilité moderne. Pour les Romantiques, la vie est un mélange de violence et de sensibilité, de beauté et de laideur. Ce qui compte est la vraisemblance plutôt que la bienséance. Quel est le mouvement opposé au classicisme ? Le xviie siècle français est marqué par la succession de deux courants artistiques qui s’opposent le baroque et le classicisme. Impliquant deux visions du monde contradictoires, ces mouvements s’expriment également dans des formes littéraires qui leur sont propres. Quel mouvement littéraire s’oppose au classicisme ? Le romantisme est un mouvement majeur qui s’est manifesté dans toutes les formes d’art au cours des XVIIIe et XIXe siècles, d’abord en Angleterre et en Allemagne, puis en France et partout en Europe. Il s’oppose au classicisme et, tout en héritant des Lumières, il rejette son rationalisme. Qui a créé le baroque ? Utilisé particulièrement en peinture, architecture ou encore sculpture, le baroque définit une esthétique qui domine l’irrégularité, le changement de formes et le mouvement. Née en Italie, la musique baroque est représentée en Italie par le compositeur Claudio Monteverdi 1567-1643. Qui est le plus grand musicien baroque ? Bach 5 choses à savoir sur le plus grand compositeur de l’époque baroque. Quels sont les compositeurs de l’époque baroque ? Compositeurs français Abraham Blondet 1560 – 1634 René Mézangeau 1568 – 1638 Jacques Cordier 1580 – 1653 Jean de Bournonville 1585 – 1632 Jean Boyer 15.. – 1648 Nicolas Formé 1567 – 1638 François Richard 1580 – 1650 Nicolas Signac 1585 – 1645 Quel est le but de l’art baroque ? L’art baroque est un art du mouvement, qui affectionne les lignes courbes, qui aime les contrastes et les jeux de lumières. C’est un art qui théâtralise. Son but est de charmer, de surprendre et d’émouvoir. À partir de traits communs, il s’est adapté à la sensibilité particulière des pays où il s’est imposé. Quel est l’objectif du mouvement baroque ? L’art baroque prône la libération de l’imagination et des émotions. L’esthétique du spectaculaire est largement partagée par les auteurs qui accordent une place significative à la figure fantastique du monstre. Cet art s’affranchit également des règles et refuse toute codification, notamment au théâtre. Quelle est le but de l’art baroque ? Caractérisé par le goût du mouvement, de la dramatisation, de l’exubérance décorative, le baroque est un paradigme esthétique complexe qui a pour but de surprendre et d’émouvoir les spectateurs. Mouvement de grande ampleur, il s’est rapidement répandu de l’Italie vers les grands pays d’Europe. Pourquoi l’Illusion comique est une pièce baroque ? L’Illusion comique est une pièce baroque puisqu’elle est prédominée par les apparences et par une recherche incessante de la variété, du changement. Les spectres animés par Alcandre dans l’acte I et tout au long de la pièce sont aussi des apparences. Quels sont les trois grands principes du classicisme ? Contrairement aux auteurs baroques, les auteurs classiques ont le souci de l’équilibre et de la mesure c’est au nom de la raison et de l’ordre que les dramaturges classiques respectent la règle des trois unités action, temps, lieu, de la vraisemblance et de la bienséance. N’oubliez pas de partager l’article !
Cest comme si ses œuvres étaient capables de raconter plusieurs histoires différentes dans une seule peinture. On contemple ainsi une illusion d’optique déconcertante et vraiment subtile. Au final, on pourrait regarder les œuvres d’Octavio Ocampo longtemps afin de décrypter chaque élément qui compose un tableau. Des éléments complètement opposés
illusionner s' illusionner s' [illyzjɔne] to delude sur qch about sth Dictionnaire Français-Anglais. 2013. Look at other dictionaries illusionner — [ illyzjɔne ] v. tr. • 1801 ; de illusion ♦ Rare Séduire ou tromper par l effet d une illusion. ⇒ éblouir. Des bourgeois qu on veut illusionner » Gautier. ♢ Cour. S ILLUSIONNER v. pron. 1822 Se faire des illusions. ⇒ s … Encyclopédie Universelle illusionner — il lu zio né v. a. Néologisme. Causer des illusions ; faire illusion. S illusionner, v. réfl. Se faire des illusions. ÉTYMOLOGIE Illusion. Ce néologisme est acceptable ; illusionner est formé comme affectionner … Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré ILLUSIONNER S’ — v. pron. Se faire une illusion … Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition 1935 illusionner — S vp. , se faire des illusions s ilujonâ, C. => pardnâ ; s fére d ilujon 001 ; s montâ l borichon 001 … Dictionnaire Français-Savoyard s'illusionner — ● s illusionner verbe pronominal Se faire des illusions, se tromper sur quelque chose, quelqu un ; s abuser Tu t illusionnes sur tes possibilités. ● s illusionner difficultés verbe pronominal Orthographe Avec deux n. De même pour les autres… … Encyclopédie Universelle illusionnisme — [ illyzjɔnism ] n. m. • 1892; h. 1845; de illusionner ♦ Art de créer l illusion par des tours de prestidigitation, des artifices, des trucages. ● illusionnisme nom masculin Art de tromper le regard du spectateur par dextérité manuelle ou à l… … Encyclopédie Universelle ILLUSION — ILLUSI Métaphoriquement dérivé de la réduction psychologique des enchantements magiques et des découvertes de l’optique géométrique, couronnant, avec Kant, la critique relativiste de l’optimisme leibnizien, le concept moderne d’illusion a conquis … Encyclopédie Universelle bercer — [ bɛrse ] v. tr. • bercier 1220; de berz → ber 1 ♦ Balancer dans un berceau. ♢ Par anal. Balancer, agiter doucement, comme dans un berceau. Bercer un enfant dans ses bras. Un canot bercé par les vagues. 2 ♦ Fig. Être bercé par … Encyclopédie Universelle désillusionner — [ dezillyzjɔne ] v. tr. • 1828 p. p.; de dés et illusionner ♦ Faire perdre une illusion à qqn. ⇒ décevoir, désappointer. Il a été bien désillusionné. ⊗ CONTR. Illusionner. ● désillusionner verbe transitif Faire cesser les… … Encyclopédie Universelle iluziona — ILUZIONÁ, iluzionez, vb. I. refl. şi tranz. Rar A şi face iluzii; a se amăgi. [pr. zi o ] – Din fr. illusionner. Trimis de gall, Sursa DEX 98 ILUZIONÁ vb. v. ademeni, amăgi, încânta, în şela, minţi, momi, păcăli, prosti,… … Dicționar Român leurrer — [ lɶre ] v. tr. • 1373; loirier 1220; de leurre 1 ♦ Faire revenir le faucon en lui présentant le leurre. 2 ♦ 1609 Fig. et cour. Attirer qqn par des apparences séduisantes, des espérances vaines. ⇒ bercer, bluffer, duper … Encyclopédie Universelle
BeautyIs In the Eyes of the Collective est le nouveau travail de Steven Morgana. Cet Australien de 30 ans, basé à Londres à choisi de revoir la perception d'un arc-en-ciel.
SciencesIllusionUne illusion postée hier sur Reddit connaît un succès retentissant sur le web. Le principe pour la voir, vous devez cesser de la une illusion un peu particulière pour qu’elle fonctionne, vous devez cesser de la voir. Postée hier sur Reddit, elle comptabilise déjà des dizaines de milliers de votes positifs. Le principe derrière l’effet Troxler est simple fixez votre regard sur un point central, et les éléments immobiles à la périphérie de ce point sembleront disparaître TroxlerDécouvert en 1804 par le médecin suisse Ignaz Paul Vital Troxler, l’effet éponyme repose sur le phénomène d’adaptation neuronale. Notre cerveau a évolué pour repérer les mouvements efficacement, une compétence cruciale pour détecter la présence d’un prédateur. Ainsi, nous avons tendance à ignorer les éléments fixes pour privilégier ceux en mouvement et ceux sur lesquels nous fixons notre l’origine du phénomène l’adaptation neuraleL’illusion qui découle de cet effet s’appuie donc sur ce principe fixez un point situé au centre d’une image et les éléments à la périphérie sembleront disparaître s’ils ne sont pas en mouvement. Dès que vous déplacerez votre regard, ces images réapparaîtront alors dans votre champ de vision. C’est également grâce à l’adaptation neuronale que vous pouvez ignorer le bruit ambiant dans une pièce ou le contact constant de vos vêtements sur votre aussi - Si vous voyez un visage normal sur cette image, vous êtes victime de l'effet Thatcher- Entendez-vous quelque chose en regardant ce GIF ?- Quelle forme de "G" est la bonne ? 72% des personnes répondent faux à ce test, et vous ?
Lart est pure illusion si l'on regarde que l'aspect esthétique. Mais que ce soit, le cinéma, le théâtre, la lecture, toute forme d'art nous mène à un niveau supérieur de compréhension de notre réalité. Une sonate de Beethoven n'as rien de comparable dans le monde empirique, on parle de phénoménalité.
Voici un article de découvertes et de recherches sur un procédé d’illusion d’optique l’anamorphose. Riche de différentes techniques, l’anamorphose vous apprendra à regarder AUTREMENT pour VOIR VRAIMENT! Manue et moi-même travaillons sur la préparation d’une exposition, celle-ci n’est prévue que pour septembre, cependant je suis déjà en étude, en recherches d’idées sur différents principes d’illusion d’optique… Et je peux vous affirmer qu’il y’a de quoi faire!!! Un beau terrain de jeu en perspective! Pour voir le travail des artistes de Wonderful Art cliquez ICI En me rendant à la foire d’art contemporain lilloise “Art Up”, j’ai redécouvert un artiste qui m’avait bluffée, il y’a quelques années, par son travail Bernard Pras. Il utilise justement une illusion d’optique pour créer ses images, images qui réinterprètent des représentations connues de l’histoire de l’art et de la société contemporaine tiens, une démarche commune avec la mienne!. A l’occasion de la foire, il a remonté quelques installations en anamorphose, c’est ce que je vous présenterai plus bas. Bref, son travail m’a mis la puce à l’oreille sur le principe d’illusion d’optique. Mon âme d’enfant a repris le dessus les miroirs déformants dans les foires, s’amuser à se regarder dans une petite cuillère ou dans la boule à sucre… Et vous, ne l’avez vous jamais fait? L’anamorphose c’est quoi? L’anamorphose est une particularité étonnante de la perspective. Une Anamorphose est une déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique, tel un miroir courbe, ou un procédé mathématique. Certains artistes ont produit des œuvres par ce procédé et ainsi, créé des œuvres déformées qui se recomposent à un point de vue pré-établi et privilégié. L’Anamorphose peut être assimilée à des procédés tels que le trompe l’œil ou l’illusion d’optique. Ce procédé existe en peinture depuis environ le XV siècle. Les classiques… Les Ambassadeurs 1533 de Hans Holbein le Jeune, contient près de la base de la toile l’anamorphose d’un crâne, qui est en fait une vanité. On ne peut voir le crâne qu’en regardant le tableau avec une vue rasante. Le peintre a caché discrètement un crucifix en haut à gauche du tableau derrière le rideau. Parfois, ce n’est pas le centre de la représentation qui est déformé, mais ses extrémités, afin de donner l’impression que la surface du tableau n’est pas strictement plane. L’exemple le plus connu de ce type d’anamorphose en quelque sorte inversée » est l’Autoportrait au miroir convexe du Parmesan 1524. Il s’agit dans ces cas d’anamorphoses directes. Il existe aussi d’autres types d’anamorphoses, où l’on interpose un miroir conique ou cylindrique entre le regard et la peinture qui, déformée, s’y reconstitue les premiers sont les anamorphoses chinoises datant de l’époque Ming 1368 à 1644. Œuvre du peintre catalan Josep Ministral Les anamorphoses à miroir permettent, grâce à l’interposition d’un miroir cylindrique ou conique, de faire apparaître une image qui est la réflexion d’une image déformée conçue à cet effet. L’image déformée est peinte sur une surface plane autour d’un emplacement prévu du miroir ; ce n’est qu’en y installant le miroir que l’image apparaît non déformée sur la surface de celui-ci. Répandu au XVIIe siècle et XVIIIe siècle, ce procédé d’anamorphose a permis de diffuser caricatures, scènes érotiques et scatologiques, scènes de sorcelleries et grotesques qui se révélaient pour un public confidentiel lorsque le miroir était positionné sur la peinture. Les contemporains… On trouve également les anamorphoses dans l’architecture, sous forme de trompe l’œil. Elles consistent à peindre d’une façon déformée et calculée une image qui se reconstituera, d’un point de vue préétabli, et donnera à la peinture murale une impression de relief et donc de réalité spatiale. Peinture de Ninja1 et Mach505 de Truly design Street artiste Escif L’anamorphose a également été utilisée dans les applications militaires périscopes des chars d’assaut dès la Première Guerre mondiale, au cinéma, à la télévision, en cartographie, en publicité, dans les emballages produits impression sur nos canettes… Et en signalisation routière, ce qui a inspiré bon nombre d’artistes de rue, et de diaporamas ^^ …. Peinture par Manfred Stader etEdgar Müller Il s’agit dans ce cas de réaliser une anamorphose en perspective oblique l’image originale ex. ci dessous qui est découpée selon une grille est copiée carrés par carrés dans la grille déformée. Une fois cette opération réalisée, il faut effacer la grille pour laisser apparaître l’anamorphose. Grille créée par Jean-François Niceron en 1646. Photo de Phillip Kent. De nos jours des logiciels existent… Il existe aussi aujourd’hui l’anamorphose 3D. Un procédé informatique récemment développé par Rodrigue Pellaud, qui permet de projeter des animations 3D en dissociant le point de vue du spectateur, du point de vue de projection. Ou encore l’anamorphose stéréoscopique créée par Dimitri Parant, qui représente la petite baigneuse d’Ingres, en relief. J’ai l’impression qu’il y’a autant de techniques, que de points de vue! Habile stratagème qu’est l’anamorphose, celle-ci nous oblige à changer notre regard, notre point de vue… Elle nous absorbe ou nous fait plonger. J’aurai pu vous montrer des centaines et des centaines d’images, mais je vais revenir sur celui qui m’a fait découvrir cette technique Bernard Pras. Lui n’a pas choisi la craie, la peinture… Mais l’accumulation d’objet en tous genres. Voici la suite de son installation et son résultat final. Voici le rendu de face, lorsqu’on se place bien au centre… Et lorsqu’on regarde dans le miroir loupe…. Puis à travers son regard de photographe! Voici une vidéo très intéressante de 2013 sur son travail, dans son atelier à Montreuil. Il explique comment il en est arrivé à cette technique, puis on le voit à l’œuvre. vidéo de Ggaz. Je vous invite à visiter le site de Bernard Pras, où vous attendent vidéos, images de ses installations et sa galerie de photos qui en résultent. cliquez ici ! Je continue à ouvrir les yeux, écouter, observer… Pour continuer à enrichir mon univers et créer. Hélène Pour voir le travail des artistes de Wonderful Art cliquez ICI Sources Wikipedia Sources des photos directement dessus.
Néen 1973 à Shandong en Chine, Liu Bolin s’est fait une sérieuse réputation dans le monde de l’art contemporain à travers ses performances incroyables où il 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID LEC2hRrlM2JkC5q7aCRCNJWaEhh0FPt71-47M9rQC-n5sDv8Q6TpnA==Dansl'architecture, l'anamorphose est utilisée afin de créer une illusion réaliste, en imitant un environnement : ce sont des trompe-l'œil. Mais cette technique existe depuis plusieurs 1Dès l’épigraphe de la première partie de sa nouvelle Sarrasine, Balzac revendique l’héritage du romantisme allemand Croyez-vous que l’Allemagne ait seule le privilège d’être absurde et fantastique ? » [1] La nouvelle s’ouvre, d’une façon à la fois sinistre et burlesque, sur une opposition entre la danse des vivants représentée par le bal auquel participe le narrateur, et la danse des morts qu’offre la nature hivernale, opposition entre l’intérieur et l’extérieur, la nature et la civilisation. Ce faisant, l’écrivain souligne tout le caractère factice de la société décrite, mais il inscrit aussi son intrigue dans un climat fantastique, rendant hommage sans doute à Hoffmann, dans sa Vision sur le champ de bataille de Dresden [2], mais aussi à Goethe, auteur d’une ballade intitulée La Danse des morts » Der Totentanz » en 1797, l’année des ballades, celle où Goethe cherche à s’illustrer dans les formes populaires de la littérature. Sur le ton à la fois macabre et ironique que reprendra Balzac, Goethe avait mis en scène un cliquetis de squelettes qu’il séparait fondamentalement, lui aussi, du monde des vivants. Dans la France de 1830, au moment de la composition de Sarrasine, Goethe est bien sûr célèbre pour son Werther, en particulier depuis la critique qu’en proposa Chateaubriand dans René, mais surtout, de façon plus négative, pour son Faust, à qui Zambinella est d’ailleurs comparé, et que Benjamin Constant avait appelé une dérision de l’espèce humaine » [3]. C’est de ce privilège d’être absurde et fantastique » que se réclame Balzac avec Sarrasine, selon la mode allemande, mais une mode qui n’inclut pas Heinrich von Kleist. 2Dans son essai consacré au théâtre de marionnettes Über das Marionettentheater, achevé en décembre 1810, celui-ci est sans doute pourtant plus proche encore des théories esthétiques esquissées par Balzac dans Sarrasine. Nulle dette directe, assurément, de la part de Balzac, mais plutôt une simple convergence, car l’essai très bref mais très fameux de Kleist n’a suscité en France qu’un intérêt très tardif, sa première traduction ne datant que de 1937 [4]. Au moment où Balzac rédigeait sa nouvelle, en novembre 1830, Kleist n’était en fait guère lu, et encore moins joué en France puisque seuls quelques-uns de ses contes venaient d’être traduits, avec, il est vrai, un certain succès [5]. La génération romantique française, c’est bien connu [6], a préféré les contes d’Hoffmann à l’œuvre d’un auteur dont la francophobie trop affirmée a sans doute heurté le sentiment national [7]. Pierre Brunel a du reste insisté sur le contexte hoffmannien de la parution de Sarrasine dans la Revue de Paris, qui venait de faire paraître, l’année précédente, en 1829, plusieurs textes d’Hoffmann dans une traduction de Loève-Veimars [8]. Selon lui, Balzac propose d’abord une parodie des romans d’Ann Radcliff, dont le merveilleux est considéré en France comme mécanique » parce qu’un mécanisme intervenait à la fin pour expliquer les mystères [9]. Mais surtout, et plus essentiellement, il répond au fantastique à la Hoffmann qui réside dans la radicale impossibilité où se trouve le héros de décider et de donner à ses interrogations une réponse satisfaisante ». En réponse, Balzac proposerait donc un fantastique à la française » [10], évitant le risque d’absurdité » [11] d’Hoffmann Pierre Citron note comme un fait rare chez Balzac » que la logique et la vraisemblance n’existent pas », et que le narrateur n’explique rien » [12]. En faisant écho à plusieurs contes, en particulier L’Église des jésuites [13], Sarrasine semble donc mettre, même sous une forme critique, Hoffmann à l’honneur, comme le faisait une bonne partie du public français. 3Le nom de Kleist, pour sa part, n’est connu que par l’atteinte qu’il porte aux lettres françaises, et en 1807 le Journal de Paris s’indigne par exemple que des critiques allemands aient trouvé l’Amphitryon de Kleist supérieur à celui de Molière, tout comme il s’était offusqué l’année précédente que l’éditeur allemand de la Phèdre de Schiller ait pu en trouver le texte supérieur à celui de Racine [14]. L’écho que reçoivent pourtant en France les théories esquissées dans l’essai sur le théâtre de marionnettes permet d’y définir, par contraste, un romantisme allemand Kleist, s’il n’appartient pas au cercle d’Iéna, reste sur plusieurs points proche des conceptions développées quelques années plus tôt par les frères Schlegel. 4Sa réflexion sur le théâtre de marionnettes s’articule sur une intrigue assez banale la rencontre, un soir d’hiver, dans un jardin public, entre le narrateur et un danseur d’opéra. La conversation qui s’engage porte immédiatement sur un spectacle de théâtre de marionnettes, au cours duquel le narrateur a noté avec surprise l’enthousiasme du danseur. Ces données de départ sont déjà significatives sa propre présence à cette représentation et en même temps le recul ironique qu’il observe à l’égard de l’intérêt du danseur font du narrateur une projection du lecteur, normalement réservé sur la valeur artistique d’un genre décrié, mais sujet lui-même au charme inexplicable de ce type de spectacle. Elles annoncent également le débat qui va suivre et son issue. Le théâtre de marionnettes devient l’objet d’une réflexion plus générale sur la grâce, dont les enjeux sont à la fois esthétiques et métaphysiques. Le narrateur, bientôt persuadé, illustre la théorie du danseur par une anecdote sur un adolescent qui, à peine conscient de sa grâce, la perd aussitôt en cèdant à la vanité. C’est la seconde partie du texte, celle où les voix cessent de diverger pour envisager les prolongements de cette thèse sur la grâce. À son tour, le danseur propose une anecdote sur un singulier combat d’escrime contre un ours, où l’instinct brut de ce dernier a raison de la technique affinée du danseur. Dans les deux anecdotes comme dans le cas du théâtre de marionnettes, la grâce, qui réside dans le mouvement, se trouve opposée à la conscience imparfaite de l’homme. 5Dans le cadre d’une approche d’histoire littéraire, cette célébration du théâtre de marionnettes semble s’inscrire dans l’ancienne tradition du Puppenspiel que Herder, avant le premier romantisme allemand, avait mise à l’honneur au même titre que l’ensemble du Volkstheater. Le romantisme allemand a sur ce point fait écho au jugement de Herder. Toute l’esthétique du romantisme est peuplée de poupées », constate plus précisément Bernhild Boie. Cependant, entre l’automate de Jean-Paul et la marionnette de Kleist s’opère le passage d’un symbole négatif à un symbole positif » dans la création littéraire [15]. Choisir comme figure esthétique par excellence » une figure qui appartient au domaine de l’enfance », comme le remarque à nouveau Bernhild Boie, n’a certes rien de gratuit, et vise à associer, selon un schéma traditionnel, l’art à l’innocence [16]. Le genre même du théâtre de marionnettes joue un rôle fondamental pour toute cette génération Tieck lui doit en partie l’une de ses productions les plus originales avec sa Genoveva. De même, Goethe insiste sur le rôle qu’il a joué dans sa formation littéraire. Dès le premier livre de Poésie et Vérité, il évoque le théâtre de marionnettes offert par sa grand-mère à l’occasion d’un Noël. Il rappelle ailleurs que l’idée même de Faust est issue du théâtre de marionnettes familial de son enfance, dont Faust et Méphistophélès formaient deux des figures marquantes. 6La figure de la marionnette est plus généralement représentative d’un Beau idéal lié au merveilleux et au rêve attachés à une littérature pour enfants. Schlegel commente dans ces termes les fées du Songe d’une nuit d’été leurs passions, dépouillées de tout alliage terrestre, ne sont qu’un rêve idéal » [17]. Attirant à son tour l’attention sur le merveilleux contenu dans la représentation d’un monde de fées, Tieck, qui compare cette pièce et La Tempête à des rêves radieux », assigne pour but à Shakespeare de bercer le spectateur dans la perception d’un rêveur », lecture qui nous rapproche aussi bien de ce que se propose Kleist dans Le Prince de Hombourg que du théâtre de marionnettes [18]. 7Balzac, sur un mode très différent, reprend dans Sarrasine la réflexion des romantiques allemands sur le Beau idéal. Comme Kleist, il suggère l’opposition, probablement héritée de Mme de Staël dans De l’Allemagne, entre l’artifice parisien et l’authenticité allemande il se rencontrait çà et là des Allemands qui prenaient pour des réalités ces railleries ingénieuses de la médisance parisienne » [19]. Par le biais de la recherche de la vérité dans l’art, le motif du Beau idéal est introduit dès le début à travers le personnage de Marianina, comparé à la fille du sultan dans le conte de La Lampe merveilleuse, et qui savait unir au même degré la pureté du son, la sensibilité, la justesse du mouvement et des intonations, l’âme et la science » [20]. La référence à l’âme établit le rapport entre esthétique et métaphysique, qui se trouve au centre du texte de Kleist. Mais, plus proche encore de l’imaginaire de Kleist, Balzac confond, par l’intermédiaire du narrateur, l’idéal et le réel Par un des plus rares caprices de la nature, la pensée en demi-deuil qui se roulait dans ma cervelle en était sortie, elle se trouvait devant moi, personnifiée, vivante, elle avait jailli comme Minerve de la tête de Jupiter […] » [21]. Comme chez Kleist enfin, la réflexion sur le Beau idéal prend assise sur le modèle du théâtre de marionnettes le vieillard, qui, par contraste avec la vitalité de Marianina, incarne la mort, semblait être sorti de dessous terre, poussé par quelque mécanisme de théâtre » [22]. Chez Kleist en effet, le mouvement de la marionnette produit, en éliminant les contingences physiques, une idée du beau dans la danse » [23] ; il représente, plus précisément, le Beau idéal, illustré par la simplicité de la ligne droite ou courbe [24], qui se trouve au centre de l’esthétique romantique. La comparaison entre le théâtre de marionnettes et la danse prend ici une signification nouvelle. Le mouvement de la marionnette, élevé à l’harmonie de la danse, représente le Beau idéal en matière de théâtralité. Soumis à la gravitation, le danseur lui-même ne peut l’approcher qu’imparfaitement. 8L’image du mécanisme de théâtre chez Balzac est proche d’une telle position. À un premier niveau de lecture, la matérialité brute de la marionnette représente la mort. Dans son interprétation psychanalytique de la poupée, Jeanne Danos remarque qu’en donnant l’image d’un monde réifié, celle-ci a par contraste rapport à l’idéal, en tant que matérialisation d’une idée. C’est le sens qu’elle attribue à l’entreprise surréaliste, qui illustre bien cette conception de la poupée comme projection d’un fantasme L’expérience ultime de leur tentative réside dans l’automatisme, graphique, plastique ou verbal, mais aussi dans la création d’objets oniriques, véritables “désirs solidifiés”. » [25] 9Enfin, comme pour la marionnette, c’est l’apparence d’une création artificielle » [26] qui, dans le vieillard de Balzac, rapproche le réel de l’idéal. La fin de la nouvelle revient sur cette idée d’artifice, attachée cette fois à la figure de l’eunuque Il n’y a plus de ces malheureuses créatures… » [27] Dès la fin de la première partie, intitulée Les deux portraits », la réflexion sur le Beau idéal s’attache plus clairement à ce personnage Il est trop beau pour être un homme ! » déclare l’accompagnatrice du narrateur devant l’Adonis peint qu’elle découvre dans le boudoir où elle s’est réfugiée ; il s’agit, lui explique ce dernier, d’un portrait, réalisé d’après une statue de femme » [28]. La beauté est d’autant plus idéale que l’œuvre est moins référentielle dans le portrait, l’œuvre prend son modèle dans l’art, non dans le réel. Toute la nouvelle joue sur ce va-et-vient, car dès le début de la seconde partie, le Beau idéal est de nouveau rattaché au réel à travers le regard de Sarrasine, qui observe Zambinella dans sa jeunesse 10 Il admirait en ce moment la beauté idéale de laquelle il avait jusqu’alors cherché çà et là les perfections dans la nature, en demandant à un modèle, souvent ignoble, les rondeurs d’une jambe accomplie ; à tel autre, les contours du sein ; à celui-là, ses blanches épaules ; prenant enfin le cou d’une jeune fille, et les mains de cette femme, et les genoux polis de cet enfant, sans rencontrer jamais sous le ciel froid de Paris les riches et suaves créations de la Grèce antique. » [29] 11En filigrane, Balzac revient sur un débat qui avait agité la critique d’art du tournant du siècle, débat où les choix esthétiques ont en large part recoupé les clivages politiques. Il a opposé les tenants du Beau idéal, héritiers de Winckelmann et précurseurs du romantisme et les représentants du régime napoléonien, défenseurs au contraire de la conception mimétique de l’art. Tandis que les uns tirent leurs positions de la distinction platonicienne entre l’idée et le réel, les autres partent du postulat d’une beauté indépassable de la nature. Or, Balzac présente ici la beauté idéale comme un dépassement du beau de réunion », notion qui, comme l’a montré Annie Becq, a été formée pour donner satisfaction à la conception mimétique de l’art tout en évitant les objections des défenseurs du Beau idéal [30]. 12C’est essentiellement sous le Consulat et l’Empire que s’était développé ce débat. Quatremère de Quincy qui, dans son essai Sur l’idéal dans les arts du dessin [31], se faisait, selon l’expression d’Annie Becq, le champion du Beau idéal » [32], était en particulier contesté par Ponce et Chaussard [33], qui lui opposaient l’idée de belle nature ». Quatremère de Quincy faisait l’éloge des arts d’imitation ; mais l’imitation devait selon lui se rapprocher de l’idée, non de la réalité matérielle et contingente de la nature. Une telle justification platonicienne des thèses de Winckelmann répondait à l’objection soulevée par Emeric David, selon qui l’artiste ne saurait surpasser la nature [34]. De même, selon Chaussard, se passer de l’imitation de la nature conduirait à rien moins qu’à perdre l’art » [35]. Permon en concluait que c’est la nature, mais la belle nature, que les grands artistes se sont proposée pour modèle » [36]. Il se voyait appuyé par l’ensemble de la critique néoclassique, en particulier par Geoffroy [37], alors que Mme de Staël, au contraire, rejetait les arts d’imitation, considérant que l’ impression qu’on reçoit par les beaux-arts n’a pas le moindre rapport avec le plaisir que fait éprouver une imitation quelconque ; l’homme a dans son âme des sentiments innés que les objets réels ne satisferont jamais, et c’est à ces sentiments que l’imagination des peintres et des poètes sait donner une forme et une vie » [38]. Ainsi en allait-il pour Bonstetten Le véritable génie des arts ne veut rien copier » ; L’imitation n’est que le moyen et nullement le but des beaux arts. » [39] Or, la notion de beau de réunion » était étroitement liée à la conception mimétique de l’art et Emeric-David en illustrait le fondement à travers l’exemple, demeuré célèbre, du peintre Zeuxis. Celui-ci, affirme-t-il, trouvait ce beau dans la nature, il savait le reconnaître, il en réunissait les traits qu’il voyait répandus en différents modèles ; il n’était donc qu’imitateur » [40]. 13À travers l’idée de belle nature idéale, Cabanis rattachait le contingent à l’universel, mais son idée du beau ne résidait que dans des rapprochements que la nature n’opère pas, et non dans la recherche de l’idée. C’est pour lui le fonctionnement même de l’imagination que d’établir ces rapprochements qui de traits épars dans la nature forment un ensemble régulier ». Mais le contemplateur de l’œuvre ne peut se satisfaire de ces généralités artificielles ; il lui faut ou tel homme, ou tel être déterminé, ou telle particularité dans les images qui lui sont offertes, pour que son émotion, se joignant à l’admiration de l’esprit, en fixe le souvenir par des empreintes ineffaçables » [41]. 14Au contraire, Sismondi répliquait à Emeric-David pour rejeter le Beau de réunion comme toute forme d’imitation de la nature. Son commentaire de la Vénus d’Apelle est demeuré lui aussi bien connu Il n’est pas vrai que la Vénus d’Apelle ne fût que la réunion de ce que le peintre avait trouvé de plus beau dans les plus belles femmes son image existait dans le cerveau d’Apelle antérieurement à cette réunion ; c’est d’après cette image qu’il choisissait ses modèles pour les différentes parties. » [42] Suggérant le dépassement du beau de réunion » par le Beau idéal, il illustrait en fait ce qui a formé chez Balzac l’évolution artistique de Sarrasine. Car plus généralement, Zambinella est l’objet chez Balzac d’une série de réflexions sur l’art qui confèrent à la nouvelle une dimension critique. De même le dialogue de Kleist est-il, par sa dimension dramatique, réécriture du genre qui est son objet, le théâtre ; par l’aspect narratif des deux anecdotes qu’il inclut, il s’érige en critique poétique, selon l’idéal de Friedrich Schlegel pour qui le récit littéraire est la forme accomplie et moderne du dialogue philosophique [43]. De même que, pour Friedrich Schlegel, le Wilhelm Meister de Goethe, lorsqu’il commente Hamlet au cinquième livre, est poésie de la poésie », Kleist rejoint ici l’idéal d’une critique poétique, où la narration serait un dépassement de la représentation dramatique [44]. La poésie ne peut être critiquée que par la poésie », déclare F. Schlegel [45]. Conformément à cet idéal d’une critique qui intègre son objet et le dépasse à la fois, le dialogue philosophique prend pour point de départ de la discussion le théâtre folklorique. Essai par sa forme de fiction littéraire assumant en même temps une fonction critique, le texte de Kleist rejoint également l’ancienne tradition du dialogue. 15Le Beau artistique, selon Balzac, apparaît comme une illusion, celle de Sarrasine devant l’apparente féminité de Zambinella C’était plus qu’une femme, c’était un chef-d’œuvre ! » [46] Comme chez Kleist, c’est par le mouvement, ou du moins sa suggestion, qu’elle rejoint l’art. Tel était en effet le paradoxe kleistien emblème de matérialité brute, la figure de la marionnette était un défi aux lois physiques et dégageait l’art de ses contingences matérielles pour le ramener à la spiritualité épurée qui en constitue la véritable essence. L’argument se fondait sur la gravité, à laquelle est soumis le danseur seul pour désigner le mouvement vers le sol, le texte oppose deux verbes en italique, effleurer », pour la marionnette, et reposer », pour le danseur [47]. Lorsque le danseur retombe, c’est au contraire pour se remettre des efforts de la danse », moment qui, manifestement, n’est pas de la danse ». La danse du danseur, contrairement à la dynamique immatérielle de la marionnette, fait alterner des instants qui relèvent de l’art et d’autres où apparaît le support physique. Simone Weil, dans son essai intitulé La Pesanteur et la Grâce, prolonge sur ce point les réflexions de Kleist en soulignant l’implication morale de l’image kleistienne de la gravitation Tous les mouvements naturels de l’âme sont régis par des lois analogues à celle de la pesanteur matérielle. La grâce seule fait exception. » [48] Cette superposition du plan physique et du plan métaphysique formait le fondement même de l’idéalisme esthétique de Kleist. 16Balzac rejoint Kleist en situant dans l’expression du mouvement, c’est-à-dire dans la grâce, la recherche artistique du Beau idéal dans le réel Sarrasine crayonna sa maîtresse dans toutes les poses. » [49] La pose forme bien un arrêt du mouvement, mais en tant que, comme dans la statuaire, il le suggère et l’exprime. Balzac se sépare ici de Kleist, pour qui la grâce désigne une essence, en présentant l’art comme le lieu de l’illusion. En même temps que l’illusion se dissipe et que la féminité de Zambinella s’efface du regard de Sarrasine, l’art du chanteur se dissipe aussi sa voix céleste s’altéra ». Comme la grâce, l’art est donc associé à l’illusion ; la conscience le dissipe et produit l’affectation […] Zambinella, s’étant remis, recommença le morceau qu’il avait interrompu si capricieusement ; mais il l’exécuta mal […] » [50]. 17Toute la nouvelle se construit autour de cette relation équivoque entre l’art et le monde, l’œuvre et son modèle. D’une part, la vie semble se confondre avec l’art à travers le personnage de Zambinella Le théâtre sur lequel vous m’avez vue, ces applaudissements, cette musique, cette gloire, à laquelle on m’a condamnée, voilà ma vie, je n’en ai pas d’autre. Dans quelques heures vous ne me verrez plus des mêmes yeux, la femme que vous aimez sera morte. » [51] La féminité idéale de Zambinella est créée par l’artifice du théâtre, et Balzac propose une variation du motif caldéronien de la confusion entre illusion et réalité. Mais la faute de Sarrasine est justement d’avoir commis cette confusion et l’art se distingue de la réalité en tant qu’illusion c’est une illusion ! » s’exclame Sarrasine, avant de mourir, en contemplant la statue qu’il a forgée [52]. L’illusion réside alors dans la transfiguration du réel par l’art Le chanteur […] demeura sur une chaise, sans oser regarder une statue de femme, dans laquelle il reconnut ses traits » [53]. 18L’art cependant peut être également vecteur de vérité, et dépasser les apparences trompeuses du réel c’est le cas du portrait, établi à partir de la statue, et qui restitue l’eunuque à sa virilité. Dans un sens ou dans l’autre, l’art se détache finalement du réel, comme le montre la structure de la nouvelle chacune de ses deux parties, Les deux portraits » et Une passion d’artiste », s’achève sur le rapprochement entre la beauté idéale du portrait et la hideur du vieillard. Mais la relation qui les attache, par-delà leur apparente opposition, n’est explicitée qu’à la fin de la nouvelle, où le narrateur évoque ce portrait qui vous a montré Zambinella à vingt ans un instant après l’avoir vu centenaire ». La transfiguration dans l’art se prolonge, et le portrait a servi plus tard pour l’Endymion de Girodet, vous avez pu en reconnaître le type dans l’Adonis » [54]. 19La nouvelle, qui débute par l’évocation de deux tableaux – la danse des vivants et la danse des morts –, s’achève également sur deux transfigurations esthétiques, car le vieillard lui-même ne relève plus du réel. Sa première apparition l’avait rapproché de la fiction romantique Sans être précisément un vampire, une goule, un homme artificiel, une espèce de Faust ou de Robin des bois […] » [55]. Cette structure circulaire de la nouvelle se généralise. Comme chez Kleist, elle implique un rapport au temps conçu comme mouvement vers une vérité originelle il s’agit du temps du mythe, de l’éternel retour. Zambinella est présenté au début dans sa virilité, sous la forme d’un vieillard C’était un homme », affirme le narrateur, sans plus de précision [56]. Tout au long de la seconde partie de la nouvelle, il n’est évoqué que comme une jeune femme, et ne redevient un vieillard qu’à la fin. 20Le mouvement même de l’œuvre de Balzac imite l’illusion qu’elle présente, en appuyant l’opposition entre les deux parties. Alors que la première présente la vérité de Zambinella, elle le rattache systématiquement à la fiction littéraire, et l’histoire de la maison Lanty dans son ensemble est comparée à l’univers des romans d’Anne Radcliffe » ou encore à un poëme de lord Byron » [57]. Le narrateur est pourtant protagoniste de cette intrigue, ce qui produit une illusion référentielle. Au contraire, la seconde partie est consacrée au récit du narrateur et la situation d’énonciation insiste donc sur la mise en fiction, sur le glissement vers un autre espace littéraire. Elle présente Zambinella sous le jour de l’artifice et de l’illusion. Pourtant, par un curieux retournement, elle s’inscrit dans un cadre historique – la Rome du temps de Louis XV – présenté avec insistance, et les personnages historiques – Diderot, Rousseau – sont systématiquement mêlés aux personnages de fiction comme Sarrasine ou Zambinella. 21Le jeu de Balzac avec l’illusion est peut-être une façon d’inscrire sa propre création dans l’illusion l’esthétisation littéraire, à laquelle procède la seconde partie, reproduit ou prolonge la transfiguration accomplie par la statue, puis par le portrait. Le réel s’oppose alors à l’art, comme le suggère le personnage de Marianina, incarnation d’une féminité authentique, qui est également une projection du vieillard. La fin de la première partie met en scène le vieillard en face du tableau qui représente sa virilité, mais aussi au bras de Marianina, qui est son alter ego féminin. Le contraste entre le tableau et le vieillard est alors redoublé par celui entre Marianina et le tableau. En même temps, Marianina, qui est chanteuse, est elle-même une production de l’art et redouble l’opposition entre la réalité du vieillard, rattachée à la mort, et sa transfiguration dans l’art, éternelle. 22Comme Kleist, Balzac associe le motif de la marionnette au Beau idéal dans l’art, mais cet art repose pour lui sur une illusion, alors que, pour Kleist, art et illusion se confondent. L’atmosphère onirique liée à l’improbable rencontre formant l’intrigue de Über das Marionettentheater, et confortée par un flou suggestif dans les indications de temps et de lieu, n’est qu’une manifestation discrète de cette confusion. L’illusion est par ailleurs le lieu de l’apprentissage pour le narrateur, qui est l’initié chez Kleist, alors qu’il est significativement celui qui enseigne chez Balzac. 23Cette présence de l’illusion est ce qui confère à l’art sa dimension métaphysique. Ainsi chez Kleist, la ligne décrite par le mouvement de la marionnette est profondément mystérieuse », car elle n’est rien d’autre que le chemin de l’âme du danseur » [58]. Telle est l’interprétation du mystère du mouvement des marionnettes, mouvement qui ne peut se réduire à sa dimension mécanique même agitée de manière purement fortuite », la marionnette adoptait une sorte de mouvement qui ressemblait à la danse » [59]. De sorte que l’innocence absolue de la marionnette rejoint la conscience illimitée du Dieu, tout comme se rencontrent, dans une vision circulaire, la matérialité brute et la pure transcendance le point de rencontre est la grâce, notion mystérieuse, à l’articulation de l’esthétique et du métaphysique. 24Ces implications métaphysiques s’enracinent chez Kleist sur une interrogation sur le lieu de l’âme le mouvement de la marionnette, manipulée par des ficelles comme l’homme par un Dieu invisible, permettait selon lui de définir l’emplacement de l’âme dans le corps, et renvoyait à l’héritage de la pensée caldéronienne sur les rapports entre liberté humaine et destinée. De même, la réflexion de Balzac sur l’illusion dépasse le cadre esthétique pour envisager une métaphysique qui le rapproche de l’héritage caldéronien du romantisme Quand l’avenir du chrétien serait encore une illusion, au moins elle ne se détruit qu’après la mort. » [60] 25Balzac rejoint ici l’ensemble de la pensée romantique allemande, où l’esthétique se trouve au cœur d’une réflexion métaphysique plus générale. Chez Kleist, cette perspective apparaît déjà dans la volonté insistante du danseur de rapporter la grâce aux lois physiques. Celle-ci se manifeste tout d’abord dans l’énumération des figures géométriques décrivant le déplacement du centre de gravité de la marionnette au cours de son mouvement ligne droite, courbe, du premier ou du second degré, ellipse. De même, c’est en termes géométriques qu’est décrite la relation entre le machiniste et la marionnette le rapport de leurs mouvements est comparé à celui des nombres et de leurs logarithmes ou à celui de l’asymptote et de l’hyperbole [61]. C’est, bien sûr, une façon de suggérer la nécessité, c’est-à-dire l’absence de contingence du mouvement idéal de la marionnette, mais aussi l’absence de liberté de la marionnette, qui contraste ainsi avec l’homme, libre depuis la chute originelle. L’idée rappelle la conversion au catholicisme de plusieurs des figures allemandes du romantisme. 26Cette dernière hypothèse de lecture se trouve néanmoins remise en cause par la conclusion que le danseur tire de l’aspect mécanique du mouvement de la marionnette la possible élimination du machiniste, dont l’action, rapporte le narrateur, pourrait être obtenue au moyen d’une manivelle, comme je l’avais pensé » [62]. L’accord des personnages sur ce point masque une divergence plus profonde, car d’une observation commune la simplicité de la tâche du machiniste, ils tirent des conclusions opposées elle conduit pour le narrateur à songer au caractère rudimentaire du théâtre de marionnettes ; pour le danseur au contraire, à la transcendance de la marionnette, qui ne tire pas son âme du machiniste. Cette conclusion, toujours implicite dans le texte, se rattache d’une part à l’indépendance de l’œuvre à l’égard de son créateur, mais d’autre part et surtout à l’opposition si chère à Kleist entre apparence et réalité, en l’occurrence ici entre les domaines physique et métaphysique, entre le mouvement et l’être de la marionnette. De là découle l’ambivalence de la marionnette, instrument complètement mécanisé, mais qui échappe en définitive à la matière. Dépourvu de toute contingence et de toute liberté, le mouvement de la marionnette, par un curieux retournement, échappe en effet aux lois physiques. Les marionnettes, qui ont l’avantage d’échapper à la pesanteur » et qui ne savent rien de l’inertie de la matière » [63], relèvent du domaine uniquement spirituel incarné par la danse, et révèlent le rapport du corps et de l’âme [64]. Paradoxalement, c’est au contraire l’homme qui, par l’affectation, perd la liberté de son mouvement Une force invisible et inexplicable semblait contraindre, comme un filet de fer, le libre jeu de ses gestes. » [65] À cette affectation s’oppose la grâce charmante » l’adjectif souligne l’aspect sensuel, mais surtout irrationnel d’un état irréductible aux lois physiques. En réalité, le passage du mouvement mécanique de la marionnette à la transcendance de la figure est suggéré dès le début du texte, dans la corrélation, appuyée par l’italique, entre les mots droite » ou courbes » [66], et l’expression qui, un peu plus loin, donne sens à cette ligne mystérieuse le chemin de l’âme du danseur » [67]. 27Ainsi la notion esthétique de grâce se trouve-t-elle rattachée à la question de l’âme. La dialectique du mécanique et du transcendant, du physique et du spirituel est esquissée dès le début du dialogue à travers l’opposition, dans l’explication du mouvement de la marionnette, entre l’extérieur et l’intérieur. Le premier, lieu d’une pluralité de déterminations physiques myriades de fils », s’oppose à l’unité du centre de gravité » qui situe le mouvement à l’intérieur de la figure » [68]. L’âme, évoquée ici dans son sens premier, comme ce qui produit le mouvement de l’intérieur elle est appelée vis motrix », s’oppose aux déterminations extérieures. Le mouvement, dès lors, révèle la présence de l’âme par la grâce. Par contraste, l’affectation se manifeste lorsque l’âme se trouve en tout point autre que le centre de gravité du mouvement » [69]. C’est souvent cette idée que l’on retient du texte de Kleist ; pourtant, elle lui vient peut-être de Herder, qui avait commenté le groupe de Laokoon en regrettant que l’âme se trouve en quelque sorte hors de son centre de gravité » [70]. Au contraire, la grâce se définit chez Kleist comme adéquation avec la nature, plus précisément comme une répartition des centres de gravité qui soit plus conforme à la nature » [71]. 28Dans cette harmonie entre sentiment et forme », Bernhild Boie montre l’attachement de l’esthétique kleistienne aux critères classiques » [72]. Mais la grâce s’intègre surtout dans une définition qui associe le physique, à travers la notion de centre de gravité, et le spirituel, en désignant la présence de l’âme. Les exemples cités sont significatifs l’âme peut se situer dans les vertèbres des reins » ou encore dans le coude » du danseur [73]. Plus clairement que dans le premier exemple, la synecdoque est significative dans le second, car c’est le geste tendre la pomme qui désigne toute l’expression du danseur. Le centre de gravité a alors un sens moral plus que physique. Comme le note Roger Ayrault, la grâce des marionnettes, loin de ne désigner qu’ un état tout extérieur », est alors transposée entièrement en réalité morale » [74]. C’est sans doute à tort qu’Albert Béguin voit dans ce passage l’abîme qui sépare Kleist des romantiques » La notion de grâce donne évidemment à cette philosophie une orientation esthétique que n’a pas la magie de Novalis » [75]. Ce survol un peu rapide passe sous silence le lien affirmé par la pensée de l’époque, dépassant le seul romantisme allemand, entre esthétique et métaphysique, à travers l’idée de l’ analogie entre le monde physique et le monde moral », évoquée par Mme de Staël qui témoigne ainsi du rayonnement de la pensée allemande en France [76]. 29Il est difficile d’identifier ses sources Mme de Staël avait probablement puisé cette idée dans l’essai de Schiller Über naive und sentimentalische Dichtung. Mais c’est surtout la philosophie de Schelling qui l’a systématisée, et Schelling lui-même évoque le système des monades de Leibniz [77]. L’idée se retrouve chez Chateaubriand, pour qui les lois physiques et morales de l’univers se tiennent par une chaîne admirable » [78], ou encore chez Benjamin Constant, qui évoque la grande correspondance […] entre tous les êtres moraux et physiques » [79]. Or, dans cette unité du monde sensible et du monde moral, c’est à l’art d’établir cette correspondance entre métaphysique et esthétique Le poète, dit encore Mme de Staël, sait rétablir l’unité du monde physique et du monde moral ; son imagination forme un lien entre l’un et l’autre. » Notes [1] Sarrasine, Pl., t. VI, p. 1544, var. b de la p. 1043. Cette épigraphe, apparue dès la publication du texte dans la Revue de Paris en novembre 1830 t. XX, p. 150, disparaît dans l’édition Furne de la nouvelle en 1844. [2] Voir Pierre Brunel, Orientations européennes dans Sarrasine », AB 1992, p. 80. [3] Journal, 22 pluviôse an XII. [4] Essai sur les marionnettes, traduit par Flora Klee-Palyi et Fernand Marc. Paris, glm, 1937. Le texte a été réédité en 1947, puis en 1972, sous le titre Les Marionnettes. Les traductions ont fleuri depuis cette date Sur le théâtre de marionnettes. La Mendiante de Locarno. Traduction de Gilbert Socard. 87-Mortemart, Rougerie, 1968 ; Les Marionnettes, traduit de l’allemand par Robert Valançay. Paris, G. Visart, 1969 ; Sur le théâtre de marionnettes, traduit de l’allemand et présenté par Roger Munier, Paris, éditions Traversière, 1982 ; Sur le théâtre de marionnettes ; De l’élaboration progressive des pensées dans le discours, édition bilingue, traduction de Jean-Claude Schneider précédé de L’Art de devenir un écrivain en trois jours, par Ludwig Börne, préface de Hervé Lenormant. Nantes, le Passeur-Cecofop, 1989 ; cette traduction de Schneider a été rééditée en 1991 Rezé, Séquences ; Sur le théâtre de marionnettes, traduit de l’allemand par Jacques Outin. Paris, éd. Mille et une nuits, 1993. [5] Il s’agit de la traduction par et J. Cherbuliez, en 3 vol., chez Cherbuliez, de Michel Kohlhaas, La Marquise d’O, Le Tremblement de terre du Chili, La Fête-Dieu ou Le Pouvoir de la musique, et L’Enfant trouvé. Éditée en 1830, cette traduction sera réimprimée dès 1832. Voir Liselotte Bihl et Karl Epting, Bibliographie französischer Übersetzungen aus dem Deutschen. 1487-1944, Bd. 1, Tübingen, Niemeyer, 1987, p. 202 et 274. [6] Voir Elisabeth Teichmann, La Fortune d’ Hoffmann en France, Paris, Droz, 1961. [7] Castex a montré de façon convaincante qu’Hoffmann et Scott ont représenté les deux voies françaises du romantisme. Voir Horizons romantiques, Paris, José Corti, 1983, notamment p. 31. Leur vogue a ainsi été exclusive de toute une série d’œuvres introduisant des modèles différents du romantisme. [8] Voir Pierre Brunel, art. cit., p. 78. [9] Ibid., p. 76. [10] Ibid., p. 77. [11] Ibid., p. 78. [12] Interprétation de Sarrasine », AB 1972, p. 82. [13] P. Brunel, art. cit., p. 81. [14] Sur cette polémique, voir Edmond Eggli, Schiller et le romantisme français, Paris, J. Gamber, 1927 ; Genève, Slatkine Reprints, 1970, t. I, p. 346-347. C’est en 1805 que Schiller publie sa traduction en vers de la Phèdre de Racine sous le titre Phädra. Trauerspiel von Racine, Tübingen, J. G. Cotta. [15] Bernhild Boie, L’Homme et ses simulacres. Essai sur le romantisme allemand, Paris, José Corti, 1979, p. 173 et 174. [16] Ibid., p. 165. [17] Cours de littérature dramatique, trad. Mme Necker de Saussure 1814, Paris, Slatkine Reprints, 1970, 2 vol., t. II, quatorzième leçon, p. 209-210. Eduard Böcking ed., August Wilhelm Schlegels sämmtliche Werke, Hildesheim, New York, G. Olms, 1971, t. VI, p. 233 Ihr heftigster Zorn löst sich in eine gutmütige Neckerey auf, ihre Leidenschaften, von allem irdischen Stoff entkleidet, sind bloß ein idealischer Traum. » [18] Ludwig Tieck, Kritische Schriften, Leipzig, F. A. Brockhaus, 1848, t. I, p. 43 Shakespeare’s Behandlung des Wunderbaren » Der Sturm und der Sommernachtstraum lassen sich vielleicht mit heitern Träumen vergleichen in dem letztern Stück hat Shakespeare sogar den Zweck, seine Zuschauer gänzlich in die Empfindung eines Träumenden einzuwiegen, und ich kenne kein anderes Stück, das, seiner ganzen Anlage nach, diesem Endzweck so sehr entspräche. » Ce texte, p. 37-74, composé en 1793, n’a été publié qu’en 1796 comme préface à l’adaptation de La Tempête par Tieck. [19] Sarrasine, Pl., t. VI, p. 1047. [20] Ibid., p. 1045. [21] Ibid., p. 1050. [22] Ibid.. Sur l’opposition entre Zambinella et sa petite-nièce Marianina qui représente celle entre la mort et la vie, voir notamment p. 1053 et p. 1548, var. b de cette page C’était bien la mort et la vie, ma pensée, une arabesque imaginaire, une chimère moitié hideuse, moitié suave… ». La phrase fait écho à l’allusion aux deux tableaux, la danse des vivants » et la danse des morts », sur laquelle s’ouvre la nouvelle. [23] Sur le théâtre de marionnettes, tr. R. Munier, éd. cit., p. 26 ; einen Begriff des Schönen im Tanz » éd. Helmut Sembner, dans Kleists Aufsatz über das Marionettentheater. Studien und Interpretationen, Berlin, Erich Schmidt, 1967, p. 10. [24] Ibid., p. 26 ; pour le texte original, voir l’éd. citée H. Sembner, p. 10. [25] Jeanne Danos, La Poupée mythe vivant, Paris, Gonthier, 1966, p. 250. Voir plus généralement le chapitre intitulé De l’hallucination au rêve nocturne », p. 244-254. [26] Sarrasine, Pl., t. VI, p. 1052. [27] C’est par ces mots que s’achève le texte de Sarrasine dans son édition originale Romans et contes philosophiques, seconde éd., Gosselin, 1831, t. II, p. 321. Voir Pl., t. VI, p. 1075, et p. 1554 la var. a de la p. 1076. [28] Ibid., p. 1054. Balzac insiste sur l’écart entre le modèle et le Beau idéal de l’œuvre le cardinal Cicognara fait exécuter en marbre la statue de Sarrasine. La famille Lanty la trouve en 1791 au musée Albani, et prie Girodet, devenu Vien en 1844 seulement dans l’édition Furne, d’en faire un portrait ibid., p. 1075 et var. c. [29] Ibid., p. 286. [30] Voir Annie Becq, Esthétique et politique sous le Consulat et l’Empire la notion de Beau idéal », Romantisme, n° 51, premier trimestre 1986, p. ligne [31] Archives littéraires de l’Europe, t. VI et VII, 1805. [32] Annie Becq, art. cit., p. 24. Voici par ailleurs comment Quatremère de Quincy définit sa conception d’un Beau idéal Selon le sens particulier que la théorie des beaux-arts donne au mot idéal, ce mot est l’expression superlative de ce qui nous semble, non pas hors de la nature, mais supérieur en qualité à ce que la nature nous montre le plus ordinairement, et partiellement considéré dans ses œuvres » Essai sur l’idéal dans ses applications pratiques aux œuvres de l’imitation propre des arts du dessin, Paris, Librairie d’Adrien Le Clere et Cie, 1937, p. 3. [33] N. Ponce, Dissertation sur le Beau idéal considéré sous le rapport des arts de dessin, 1806, lue à l’Institut le 26 avril et publiée dans le Moniteur universel le 26 juillet, puis dans les Nouvelles des arts t. V ; et Chaussard, dans son compte rendu du Salon de 1806, publié sous le titre de Pausanias français. [34] Dans son mémoire Recherches sur l’art statuaire considéré chez les Anciens et les Modernes, publié en 1805, après qu’il eut gagné le prix d’un concours ouvert en 1801 par l’Institut sur le sujet Quelles ont été les causes de la perfection de la sculpture antique et quels seraient les moyens d’y atteindre ? » [35] Sur l’idéal dans les arts du dessin, op. cit., p. 110. Voir Annie Becq, art. cit., p. 26. [36] Discours sur les caractères du beau et du sublime dans les arts d’imitation, prononcé en 1810 devant l’Académie de Marseille. [37] Voyez la nature, épiez ses beautés, surprenez-en la finesse, atteignez-en la grâce, mais n’imaginez pas qu’il puisse exister quelque chose de plus beau qu’elle », déclare-t-il en 1801 dans L’Année littéraire. [38] De l’Allemagne 1813, troisième partie, chapitre IX, Influence de la nouvelle philosophie allemande sur la littérature et les arts », Paris, Garnier-Flammarion, 1968, t. II, p. 161-162. [39] Recherches sur les lois et la nature de l’imagination, Genève, Paschoud, 1807, p. 329. [40] Toussaint-Bernard Emeric-David, Recherches sur l’art statuaire considéré chez les Anciens et les Modernes, Paris, 1805, p. 29. [41] Cabanis, Lettre à Thurot sur les poèmes d’Homère, dans Œuvres complètes, 1823-1825, t. V, p. 310-311. Voir Annie Becq, art. cit., p. 35. [42] Sismondi, De la littérature du Midi de l’Europe, Paris, Treuttel et Würtz, 1813, t. II, p. 158-159. [43] Friedrich Schlegel, 1794-1802 ; seine prosaische Jugendschriften, éd. J. Minor, Wien, Verlagsbuchhandlung C. Konegen, 1906, 2 vol. in 1, t. II, p. 186. [44] Ibid., p. 244 Goethes rein poetische Poesie ist die vollständigste Poesie der Poesie. » [45] Ibid., Kritische Fragmente, n° 117 Poesie kann nur durch Poesie kritisiert werden. » [46] Sarrasine, Pl., t. VI, p. 1061. [47] Sur le théâtre de marionettes, op. cit., p. 46 ; streifen, und den Schwung der Gleider […] neu zu beleben », ruhen, und uns von der Anstrengung des Tanzes zu erholen ein Moment, der offenbar selber kein Tanz ist » éd. H. Sembner, p. 12. [48] Simone Weil, La Pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1988 1947, p. 7. [49] Sarrasine, Pl., t. VI, p. 1062. [50] Ibid., p. 1072-1073. [51] Ibid., p. 1070. Avant l’édition Béchet des Études de mœurs au xixe siècle 1835, où Sarrasine figure au t. XII, dans le quatrième volume des Scènes de la vie parisienne, la dernière phrase citée s’achevait avec les mots vous ne me verrez plus » voir ibid. p. 1552, la var. c de la p. 1070. [52] Ibid., p. 1074. [53] Ibid., p. 1073. [54] Ibid., p. 1075. Rappelons voir ci-dessus la note 24 que jusqu’en l’édition Furne, l’auteur du portrait commandé par la famille Lanty était Girodet lui-même, qui s’en serait donc directement servi pour son Endymion. [55] Ibid., p. 1047. [56] Ibid. [57] Ibid., p. 1046. [58] Sur le théâtre de marionnettes, éd. cit., p. 20-21 Dagegen wäre diese Linie wieder, von einer andern Seite, etwas sehr Geheimnisvolles. Denn sie wäre nichts anders, als der Weg der Seele des Tänzers » éd. H. Sembner, p. 10. [59] Ibid., p. 24 Er setzte hinzu […], daß oft, auf eine bloße zufällige Weise erschüttert, das Ganze schon in eine Art von rhythmische Bewegung käme, die dem Tanz ähnlich wäre. » éd. H. Sembner, p. 9-10. [60] Sarrasine, Pl. t. VI, p. 1553, var. h de la p. 1075. [61] Voir Sur le théâtre de marionnettes, éd. cit., p. 32 ; Etwa wie Zahlen zu ihren Logarithmen oder die Asymptote zur Hyperbel » éd. H. Sembner, p. 10. [62] Ibid., p. 32 ; daß ihr Tanz […] vermittelst einer Kurbel, so wie ich es mir gedacht, hervorgebracht werden könne. » éd. H. Sembner, p. 10. [63] Ibid., p. 44 ; Zudem […] haben diese Puppen den Vortheil, daß sie antigrav sind » éd. H. Sembner, p. 12. [64] Bien sûr, on peut également expliquer cette dimension spirituelle de la marionnette par l’action du marionnettiste, présence supérieure, de nature divine, qui abolit les contingences du monde physique. La marionnette serait alors l’incarnation d’un caldéronisme revisité par le romantisme allemand. [65] Sur le théâtre de marionnettes, éd. cit., p 55 ; Eine unsichtbare und unbegreifliche Gewalt schien sich, wie ein eisernes Netz, um das freie Spiel seiner Gebährden zu legen » éd. H. Sembner, p. 14. [66] Ibid., p. 24 ; in einer graden Linie », Courven » éd. H. Sembner, p. 9. [67] Ibid., p. 30 ; Dagegen wäre diese Linie […] etwas sehr Geheimnisvolles », der Weg der Seele des Tänzers » éd. H. Sembner, p. 10. [68] Ibid., p. 23 ; ohne Myriaden von Fäden an den Fingern zu haben », Jede Bewegung […] hätte einen Schwerpunct », in dem Innern der Figur » éd. H. Sembner, p. 9. [69] Ibid., p. 38 ; Wenn sich die Seele vis motrix in irgend einem andern Puncte befindet, als in dem Schwerpunct der Bewegung » éd. H. Sembner, p. 11-12. [70] Herder, Herders Sämtliche Werke, hrsg. v. Bernhard Suphan, t. VIII, Berlin, Weidmannsche Buchhandlung, 1892, p. 106 Bemerkungen bei Winkelmann’s Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke » Zu viel Handlung die Seele ist wie außer ihrem Schwerpunkt sie stützt sich, wie der Seiltänzer, auf einen zu seinem Punkt, als daß er natürlich, faßlich, annehmlich sei. » [71] Sur le théâtre de marionnettes, éd. cit., p. 37-38 ; eine naturgemäßere Anordnung der Schwerpuncte » éd. H. Sembner, p. 11. [72] Bernhild Boie, L’Homme et ses simulacres, op. cit., p. 168-169. [73] Sur le théâtre de marionnettes, éd. cit., p. 41 et p. 43 ; In den Wirbeln des Kreuzes », die Seele sitzt ihm gar […] im Ellenbogen » éd. H. Sembner, p. 12 [74] Op. cit., p. 337. [75] L’Âme romantique et le rêve, op. cit., p. 319. [76] De l’Allemagne, op. cit., t. II, p. 121. [77] Les implications esthétiques de cette représentation du monde sont le sujet de la seconde partie de la Critique du jugement de Kant. Par ailleurs, Auguste Viatte montre la signification métaphysique et esthétique de ces correspondances chez Saint-Martin, philosophe tourangeau qui constitue comme on sait une référence de Balzac, pour qui tout est symbole » Les Sources occultes du romantisme, II – La génération de l’Empire, Paris, Champion, 1979, 2 vol., t. I, p. 276. [78] Génie du christianisme 1802, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, 2 vol., t. I, p. 190. [79] Réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand », dans Wallstein, édition critique de Jean-René Derré, Paris, Les Belles Lettres », 1965, p. 63.
Résumé Au croisement du roman policier et du fantastique, L'Illusion est un thriller en huis-clos qui ne cessera de vous oppresser. Bienvenue à Val Quarios, petite station de ski familiale qui ferme ses portes l'été. Ne reste alors qu'une douzaine de saisonniers au milieu de bâtiments déserts.
SUJET Le théâtre est un art illusionniste. Il éloigne le spectateur du vrai ». Ces propos vous paraissent-ils fondés ? Le débat autour de la fonction de l’art reste toujours d’actualité. Si certains le considèrent comme une reproduction fidèle de la nature, d’autres le prennent pour une simple illusion. Le théâtre, pur produit de l’art, ne saurait échapper à ce procès. D’aucuns ont déjà fini de le classer dans la catégorie des œuvres mensongères. C’est fort de ce constat d’ailleurs qu’il est affirmé Le théâtre est un art illusionniste. Il éloigne le spectateur du vrai ». En d’autres termes, le théâtre se veut un art qui ne dit pas vrai. Mais, la représentation théâtrale est-elle seulement fiction ? Dès lors, il convient d’engager une réflexion poussée pour résoudre la problématique soulevée. Ainsi, si l’on peut concéder que l’art dramatique entretient l’illusion de vérité, ne peut-on pas aussi se demander s’il n’est pas une création authentique ? Le théâtre n’est-il pas loin du mensonge ? Au même titre que la peinture, la musique et la sculpture, le théâtre est un produit de l’art qui se caractérise principalement par sa dimension artificielle et factice. En effet, certains des éléments qui le structurent, notamment le cadre spatiotemporel et les acteurs, présentent un faux-visage. L’espace qui abrite la scène théâtrale est un espace conventionnel. Il ne reflète pas la réalité telle qu’elle est. Il s’agit d’une recréation dont l’artisan principal reste le scénographe. Les éléments du décor sont souvent constitués de matériaux légers faciles à déplacer pour permettre les changements d’espace. Le spectateur accepte de prendre l’illusion créée pour une vérité pendant le temps que dure le jeu. Ainsi, les salles, abritant le spectacle, comporte une scène fixe où se déroulent toutes les actions prévues dans la pièce. C’est le cas des salles Daniel Sorano » et Le Grand Théâtre » de Dakar. Dans la même veine, le temps de la représentation qui dure généralement quelques heures diffère grandement du temps réel. Tout ne peut pas être montré en une heure ou deux heures. Dès lors, un choix s’impose. Le metteur en scène est obligé de faire des tris en privilégiant certains aspects de la vie au détriment d’autres. L’exemple le plus pertinent est donné par le théâtre classique qui entretient un double mensonge temporel. Dans la tragédie comme dans la comédie, l’action principale qui se déroule du lever au coucher du soleil est jouée sur scène en deux heures. Par ailleurs, la double vie du texte théâtral autorise le metteur en scène à choisir sur la base du mérite artistique des comédiens qui vont incarner le rôle des personnages crées par le dramaturge. Ces acteurs, connus du grand public, se départissent de leur manteau de civil pour se mettre dans la peau des êtres de papier. Ainsi, ils abandonnent leur nom de famille, leur situation sociale, leur caractère, leur psychologie, bref leur identité pour refléter tant au niveau du comportement que de la voix le personnage incarné. Le spectateur, embarqué dans le jeu, appréciant tantôt par des applaudissements, tantôt par des sifflets le spectacle, cautionne et valide le mensonge crée qui l’écarte de la réalité. Tout le monde sait qu’Ibrahima Mbaye Sopé n’est pas Christophe dans la représentation de l’œuvre dramatique d’Aimé Césaire, La tragédie du roi Christophe. De même, le célèbre artiste Gérard Depardieu, qui incarne en 1983 à Strasbourg le rôle de Tartuffe, comédie écrite par Molière au XVIIe siècle, n’est pas le personnage du livre. En somme, l’art dramatique reste une illusion de vérité dans la mesure où il se veut une recréation de la réalité qui transfigure le cadre spatiotemporel et les personnages. En revanche, l’idée qui élève le théâtre au rang d’art illusionniste n’est pas toujours valable. En effet, la représentation dramatique s’inspire des faits de la vie sociale qu’elle essaie de refléter de façon sincère et objective. Elle étudie l’histoire et les mœurs de la société. C’est le cas du théâtre africain dont l’objectif est, d’une part, une prise en charge des préoccupations du continent en termes de réhabilitation de son histoire malmenée par le colon, et d’autre part, une dénonciation des dérapages liés à la violence, aux inégalités sociales… Ainsi, dans Les derniers jours de Lat-Dior, le dramaturge Amadou Cissé Dia revisite un pan essentiel de l’histoire coloniale du Sénégal à travers le parcours héroïque du damel du Cayor. Le même tempo est noté du coté de Nder en flamme, pièce de théâtre dans la quelle Alioune Badara Bèye met en exergue la solidarité des femmes du village sénégalais de Nder qui ont préféré la mort à la captivité. Dans le même ordre d’idées, le théâtre se veut proche du vrai par la peinture des défauts des hommes. Le dramaturge est un observateur fin qui s’imprègne de tout ce qui se passe dans la société. Il passe à la loupe le comportement des uns et des autres et dresse un tableau révélateur des défauts et vices qui gangrènent la bonne marche de la cité. Ainsi, Molière, dans Tartuffe développe un sévère réquisitoire contre la fausse dévotion notée au sein de l’église chrétienne du XVIIe siècle. Il dénonce l’hypocrisie devenue une plaie pernicieuse dans le clergé. Hugo enfourche le même cheval dans Ruy Blas, pièce où il condamne avec la dernière énergie les fossoyeurs du royaume d’Espagne surpris en train de partager les deniers de la communauté. Bon appétit, messieurs ! … Serviteurs qui pillez la maison ! Vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure / L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure » ! En résumé, le théâtre reste une activité humaine qui cherche à travers le jeu à montrer de façon plus vivante nos habitudes, nos manières de voir, d’agir et de penser. Au sortir de cette analyse, l’on peut constater que la question de la représentation théâtrale reste complexe. Même si le théâtre s’adosse sur les bases de la fiction avec une forte transfiguration de ses éléments structurants que sont le cadre spatiotemporel et les personnages, il demeure toujours un art qui plonge ses racines dans le vrai. Mais, ces deux visions qui s’excluent théoriquement peuvent dans une certaine mesure établir des plages de convergence. Le spectateur qui accepte les clauses de la représentation théâtrale se focalise plus sur le contenu du message inspiré de la vie que sur les conditions de réalisation du spectacle. En définitive, le théâtre comme toutes les autres formes d’art n’est pas né ex nihilo. Il s’ancre dans un espace socioculturel bien déterminé qui constitue l’illusion référentielle. Proche de la vérité par sa thématique, l’art dramatique s’en écarte par la rigueur de la représentation scénique qui invite le spectateur à accepter et supporter le mensonge maquillé. Ainsi, il s’avère difficile de dissocier réalité et fiction dans la création artistique. Ces deux domaines, très présents dans la représentation théâtrale, entretiennent un rapport dialectique qui donne à cette œuvre d’art tout son charme. Mais au vu du développement fulgurant des supports audiovisuels qui passent au quotidien des milliers de téléfilms, ne s’achemine-t-on pas tout droit vers l’extinction du théâtre de salle ? L’acteur de théâtre a-t-il de beaux jours devant lui ? Téléchargez la version PDF